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Compotedepommes — Dilemme et dire.
Published: 2012-05-03 16:23:01 +0000 UTC; Views: 513; Favourites: 1; Downloads: 4
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Description Je ne sais dire que
tout droit dans le mile dans le ventre
des mots qui râpent qui piquent;
la barbe de la franchise me pousse
n'en sort que des ennuis.
Dois-je conformément me taire
troubler la vérité pour la rendre moins vache
m'assoir sur mon faux-derche
ou danser le slow des esprits confortable
pour être dans les rangs
courbée dans l'air du temps ?
J'ignore comment
arrondir l'angle mort
ou fabuler pour la forme
pour consoler l'oreille sur l'épaule.
Je verse et déverse et renverse
les vers du nez pris des non-dits
non pour paraître plus hardie
mais pour laver les mascarades.
Que tombe la goutte d'eau du vase
dans la tasse et, avalée de traviole,
qu'elle inonde l'Ego !
Et qu'il apprenne à nager
sans faire couler les autres !
J'ai la tête qui balance
entre les mots qui brulent et le silence qui pèse
chacun foutrement désagréable coincé dans la gorge
qui gratte qui gratte
culpabilité du dire du non dire du trop dire du mal dire du pourquoi pourqui le dire
pour moi
pour l'autre
qui s'en désaltère sans tousser ?
Ma droiture serait tordue
sans le garde-fou du Paradis perdu qui tape dans ma tête.
J'ai mal de jaspiner en coulisses
alors je coule au-devant très vite
en bafouillant quelques bluettes
avant de tailler dans le vif.
Et ça saigne à gros sanglots.
Que ne suis-je candide ou détachée !
Non j'ai la bouche trop au bord du coeur
et le coeur qui se cogne aux autres coeurs
en un viol empathique qui laisse des bleus très rouges.
Voyez, dans ma Caverne secrète
l'alternative consacrée
peinte sur le mur du Nonsense
Dis-moi franchement
ou ferme-la
mais nécessairement chéri : ça va faire mal.
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Comments: 21

Pu-uet [2012-05-16 09:33:07 +0000 UTC]

Bonjour.

Mes yeux n'avaient plus eu la chance de se poser sur une de tes compositions depuis plusieurs crépuscules. Mon erreur est corrigée.
Les mots sont justes.
N'est-ce pas Tolstoï qui disait: " En matière de sentiment, le manque de logique est la meilleure preuve de la sincérité."
C'est ce à quoi ton texte m'a fait penser. Je ne sais pas pourquoi.

Merci Compote, tu m'as donné envie de me remettre à la lecture.

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Compotedepommes In reply to Pu-uet [2012-05-16 15:14:46 +0000 UTC]

Ma muse ne s'était pas pointée depuis longtemps. A vrai dire, je n'ai pas connu de printemps inspiratoire depuis plus d'un an. Quelques bourgeons par-ci par-là comme ce poème. Oui c'est l'idée, un bourgeon qui contient la perspective d'une fleur. Or, je trouve que ce poème reste figé à l'état de tendron comme si, par manque de pratique peut-être, mes mains n'étaient plus aussi vertes qu'avant.

Je suis néanmoins touchée que tu lui trouves de la valeur en lui-même, et que tu lui en ajoutes par cette adorable référence à Tolstoï et par l'élan de lire qu'il t'inspire. Merci beaucoup !

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Pu-uet In reply to Compotedepommes [2012-05-18 07:39:47 +0000 UTC]

Peut-être est-elle cachée derrière quelques feuilles, ta muse. Ne dit-on pas que le bourgeon a besoin d'eau et de soleil pour se développer ? Peut-être que tu trouveras ce qui te fera rayonner, et t'abreuvera de son essence. Et nous attendrons, toi, celle qui met en pot, et moi, le cueilleur, l'éclosion.

Et je t'en prie. C'est toujours un plaisir de te lire.

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Compotedepommes In reply to Pu-uet [2012-05-20 13:28:48 +0000 UTC]

Merci de poursuivre la métaphore, ça me plaît.

Je vais d'abord répondre cette trivialité météorologique : pour ce qui est d'être abreuvé, le ciel nous tombe (o)rageusement sur la gueule tandis que le soleil lui, le fourbe, manque notre rendez-vous de Mai.

En fait, mon rayonnement bienheureux s'exprime dans l'abondance d'activités ce qui occasionne le rétrécissement du temps à passer dans ce temps hors du temps durant lequel je compose mes poésies.

Ainsi, quelques nuages pétulants sont nécessaires à ma vie scribouillarde car, l'air de rien, ils réclament que je reste abritée bien au-dedans de moi, au chaud, les yeux abîmés dans le foyer de la cheminée, contemplative, introspective, inspirée.

Les mots de la fin : Il pleut il pleut bergère.

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Pu-uet In reply to Compotedepommes [2012-05-21 08:56:30 +0000 UTC]

Avec plaisir.

N'est pas Abraracourcix qui veut, j'espère voir quand même mon verre de pastis abreuvé cet été, ma photosynthèse, si je puis dire.

Au détour d'un aperçu derrière un nuage, le soleil te fait sortir de ton trou donc. Et t'empêche d’entacher ton papier d'une encre florale naturelle, à ce que j'ai compris. J'ai l'avantage d'être nourri des rayons solaires. Il m'oblige à discuter, échanger, ce qui alimente mon jardin graphique. Je n'ai plus qu'à cueillir, en fin de journée, à l'aide de mon outil de jardinage, le crayon.

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Anemathenae [2012-05-11 16:16:25 +0000 UTC]

theme interessant et traitement du theme plus qu'interessant tres jolis chants lexicaux, mots bien polis, sans mentir

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Compotedepommes In reply to Anemathenae [2012-05-13 19:48:06 +0000 UTC]

Mh voilà que je relis mon poème des jours plus tard, eh bien je lui trouve un goût fadasse, mis à part certains soubresauts pertinents.

Merci tout de même. Je pense qu'il serait très indiqué que je jette un oeil ou deux à tes compositions.

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ArwenGernak [2012-05-08 17:07:53 +0000 UTC]

Ah ma compotte! suite à ton message, je me suis dit que chez toi, je ne trouverais aucune erreur. PAF ! et non ! j't'embête....je tenais simplement à aider les tous jeunes....pas toi.


Veux-tu un cours d'orthographe ?

EXPRESSION
« Je vous le donne en mille » »

SIGNIFICATION
Je vous mets au défi de deviner.


ORIGINE

En effet, cette locution de défi date du milieu du XVIIe siècle. Elle est tout simplement une forme raccourcie (une ellipse, diraient les férus de géométrie) de "je vous le donne à deviner, mais vous n'avez qu'une chance sur mille de trouver la réponse".

Ici, 'mille' ne doit pas être seulement compris comme le nombre égal à dix fois cent, mais comme "un grand nombre", comme l'utilisait Antiochus dans Bérénice, de Racine, lorsqu'il disait "mille autres mieux que moi pourront vous en instruire" ou bien Madame de Maintenon dans sa lettre du 14 juillet 1707 au cardinal de Noailles lorsqu'elle écrivait "sans hésiter, je donnerais mille vies pour obtenir la paix".



Mais peut-être voulais-tu parler de graminées ? ??? Tu vois que la grammaire, la conjugaison, l'orthographe sert à tout âge

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Compotedepommes In reply to ArwenGernak [2012-05-08 20:42:19 +0000 UTC]

Bien joué ! Tu as raison de me remettre à ma place. C'est vrai que mon commentaire semble pompeux quand je le relis, je ne voulais pas faire cette impression. Je suis plutôt désolée que l'on ne prenne plus garde à l'orthographe tout en considérant fermement qu'elle doit évoluer, comme elle l'a toujours fait.
Je fais des études en Science du Langage, c'est donc d'un grand intérêt pour moi. Sans doute que j'ai le ton pinçant car ça me gâche une bonne partie du plaisir lorsque je lis un poème truffé de fautes. Je pardonne plus aisément celles qui sont inattentives ou qui par hasard apportent du sens en supplément.

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ArwenGernak In reply to Compotedepommes [2012-05-08 22:06:39 +0000 UTC]

Très intéressant : Science du Langage. Vers quoi te dirigeras-tu par après ?

Je peux comprendre ton sentiment. Moi, je me demande pourquoi tant de jeunes ne maîtrisent pas l'orthographe alors qu'ils sont fascinés par l'écriture. Où le bât blesse-t-il ?

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Compotedepommes In reply to ArwenGernak [2012-05-13 19:52:02 +0000 UTC]

Il y a beaucoup de brume sur mon chemin. Je ferai peut-être un choix le jour où je me trouverai à la croisée des chemins possibles des sciences du langage.

L'expression de soi, l'extériorisation, l'introspection priment parfois sur la forme.

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ArwenGernak [2012-05-06 19:48:13 +0000 UTC]

ça fait du bien de te lire

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Compotedepommes In reply to ArwenGernak [2012-05-08 13:15:50 +0000 UTC]

Pardonne-moi de n'être pas très à la page. J'ai le poids de l'âge adulte qui me casse le dos et la plume. C'est affreux de n'avoir plus le temps ni la flamme de couvrir de mots intimes le papier comme avant. Je n'en déduis pas forcément que c'est que je suis plus heureuse qu'avant. Sans doute que j'ai aujourd'hui autour de moi beaucoup plus de gens à qui je peux me confier de vive voix, ce qui épanche mon coeur sans nécessairement faire une poésie.
Merci d'être toujours un oeil et un coeur vifs.

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ArwenGernak In reply to Compotedepommes [2012-05-08 18:33:22 +0000 UTC]

Profite du bonheur mais rappelle-toi que tu as aussi du talent !

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Compotedepommes In reply to ArwenGernak [2012-05-08 20:52:05 +0000 UTC]

Tu es quelqu'un de raisonnable et de sensible. Tu dois faire beaucoup de bien autour de toi !

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ArwenGernak In reply to Compotedepommes [2012-05-08 22:15:18 +0000 UTC]

pas autant que je voudrais, malheureusement. Ce ne sont jamais que des gouttes d'eau et souvent elles tombent dans le vide. Ceci ne m'empêche pas de persévérer et de prendre de l'assurance. Depuis peu, j'ai appris que parfois il faut causer un peu de mal à quelques uns pour que beaucoup aillent bien. C'est dur de l'admettre mais c'est ainsi. L'école de la vie est tellement différente de l'apprentissage dans les écoles, antres dorés où l'on peut trouver le prétexte de ne pas avoir le temps d'agir. Aujourd'hui, étant mère, je me rends compte que je n'arriverai jamais à donner ce que l'on m'a enseigné. C'est une claque énorme. J'ai eu un grand maître mais je ne suis pas arrivée à sa hauteur. Pour cela, j'aurais dû m'enfermer avec mes bouquins et laisser les problèmes pratiques à mon entourage. Je le refuse. Donc, j'agis à petites doses, là où on en sent un terrain favorable à l'évolution. Je ne me demande même plus combien retiendront.

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Compotedepommes In reply to ArwenGernak [2012-05-13 19:59:27 +0000 UTC]

Peut-être que le piédestal sur lequel tu fais trôner "ton grand maître" assombrit outre mesure les choix et les gestes qui accompagnent ton rôle de maman.

Je pense aussi qu'il est nécessaire de faire un petit mal pour obtenir un plus grand bien. Sachant que même les meilleures intentions peuvent être mal interprétées, il semble que l'humain tende à souffrir autant qu'à être heureux. Il faut prendre ses responsabilités, ne pas dramatiser dès que l'on bronche un peu, être patient et enthousiaste.

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ArwenGernak In reply to Compotedepommes [2012-06-19 16:15:38 +0000 UTC]

En ce moment précis, je puise dans ton commentaire une force immense. Merci infiniment.

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The-Mirrorball-Man [2012-05-04 05:11:45 +0000 UTC]

Je recommande de relire Socrate: "Ce que tu veux me dire, est-ce vrai? Est-ce bien? Est-ce utile? Sinon je ne veux pas l’entendre".

Bien souvent, ce qu'on appelle la franchise est moins un sacerdoce de la vérité et le refus de l'hypocrisie qu'une prise de pouvoir ou l'on délègue à l'autre la responsabilité d'encaisser nos névroses et nos contradictions. Ca peut fatiguer.

Très beau texte, comme toujours.

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Compotedepommes In reply to The-Mirrorball-Man [2012-05-08 13:12:20 +0000 UTC]

Si ce qu'il y avait de franc à confier n'était qu'un flot de compliments, il n'y aurait, je crois, aucun problème de réception. C'est la franchise du vilain reproche/avis qui réclame de la prudence.

La façon dont je lâche ma franchise sur les autres couvre le fait que je déteste porter le poids de mes mauvaises pensées. Dans le feu de la discussion, il est plus simple de laisser l'autre s'efforcer d'entendre et de comprendre. Tu l'as dit : c'est de la domination.

C'est aussi que je suis narcissique de croire que lorsque je donne mon avis tout net, il sera considéré tôt ou tard avec reconnaissance.

Je ne mens pas quand j'épanche mon avis (le vrai pour moi), je ne dis pas des choses dans le but d'être méchante et je tente de peser mes mots (le bien ou la bienveillance), et j'ai toujours la conviction que ça peut aider l'autre d'être confronté à ce que je pense sincèrement (l'utile, le plus discutable car l'on est rarement assez serein pour se faire critiquer sans broncher). Je fais des raccourcis que Socrate moquerait sans doute.

Puis, ça me brûle les lèvres quand je ne dis pas ce que je pense. Le problème peut-être c'est que l'on ne me demande pas toujours mon avis, héhé.

Et puis une fois que les gens sont habitués à ce que l'on soit purement honnête, malgré la douleur que cela peut leur faire masomasomasomaso, ils t'encouragent à Dire, à dire à leur place aussi, à prendre la responsabilité d'un avis partagé. Bref, le retour de flamme tombe toujours sur le représentant qui s'exprime à haute voix (pensons à la politique) et lui en crame les sourcils et l'amour-propre.

De là, dans la détresse de ma composition, l'envie fugitive de devenir tendre et bête ou indifférente et dédaigneux. On s'imagine rapidement que c'est plus facile. Et tout aussi rapidement l'on préfère quand même être sage et sensible.

En tous cas il ne me semble pas que je sois assez blasée pour tourner court ! Ma franchise névrotique germe encore dans ma bouche. Donc, comme j'en concluais mon poème : si tu veux être mon ami, nécessairement chéri : ça va faire mal.

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Exnihilo-nihil In reply to The-Mirrorball-Man [2012-05-06 20:30:52 +0000 UTC]

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