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Evisparks
— Tumulte
Published:
2011-04-14 14:35:51 +0000 UTC
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Description
Cris. Bon sang, cris.
Mes paupières s'entrouvrent, lentement comme le souffle d'une bougie éteinte depuis toujours. En silence, battement de cils. Rien. Tu n'as pas bougé, ta respiration n'a pas changé et pourtant. Pourtant je sais que tu viens de te réveiller. A une époque, tu guettais le moindre de mes gestes, pour être là – en face de moi- quand j'ouvrirai mes yeux sur ce monde- en face de moi- ce que tu voulais finalement c'était que je te vois et que –en face de moi- ce soit toi mon monde. Mais aujourd'hui, j'ouvre les yeux et tu n'es plus là. Ou si. Tu es bien trop présent et tu me tournes le dos. Paradoxe du temps passé. Nos soupirs ne s'accordent plus sur la même portée et la clé, avalée, au beau milieu du ciel.
J'ai laissé longtemps ton odeur, courir sur mon corps.
Tes courbes se muent dans une immobilité infinie et mes yeux caressent cet espace, cette peau nue de cicatrices – no man's land - que tu ne me laisses plus approcher. Je me mords les lèvres, et ce goût de sang s'imprime dans ma bouche, confusion des sens. Parle moi. Je t'en prie, parle moi. Fais un geste, rien qu'un geste, tremble, frissonne sous mes souffles de souvenirs mais fais quelque chose je t'en prie. Mais le vide s'est creusé, de profondeurs en profondeurs, notre route s'est fissurée, nos souvenirs ne sont plus que poussière dans un coin du temps, l'espace n'a plus de lois. A quelques centimètres de toi, j'ai froid. Un geste, seulement, un geste.
Cris. Bon sang, cris !
J'ai cherché le monde endormi, là où passent les heures.
Ici tout est fini. J'ai beau te regarder, ton regard me fuit. J'ai beau te parler, les mots résonnent, et l'écho me revient en pleine figure. A quoi bon, tu as raison, les mots font trop mal. Mais j'ai besoin d'eux pour me déchirer le cœur une bonne fois pour toute, j'ai besoin de cet orage, pour imploser, j'ai besoin de ton regard pour m'oublier, pour oublier que le temps ne passe plus sans toi, que les mensonges s'enchaînent et que tu les peints avec une dextérité que je ne t'ai jamais connu. Ici tout est fini. Mais retiens-moi. Retiens-moi puisque je ne sais plus le faire.
Je t'oublie, je m'endors et je rêve de douceur.
Peu à peu mes yeux se vide à trop fixer ce dos, insensible naufragé d'un amour perdu, je ne connais plus que lui, et j'en oublie les constellations que j'y dessinais autrefois. Les étoiles se sont éteintes, la galaxie s'est évanouie et l'amour a rencontré un trou noir. Mes yeux se ferment. Je pourrais m'endormir, ici, maintenant et te laisser le choix de me réveiller ou de t'en aller. Mais fais le vite, tes yeux courent plus vite que tes jambes, tu sais, et j'ai arrêté d'essayer de te rattraper, l'univers est bien trop vaste pour ça et tes yeux bien trop insondables.
A côté de moi, je te sens bouger, tu as sûrement du entendre mes paupières se clorent et profiter de ce moment où tu t'inventes la solitude qui t'es devenue si chère au fil des mois. Je tremble à te sentir si proche et si loin à la fois, de te savoir ailleurs qu'ici, avec moi. Tu sors de ta torpeur et d'un geste mécanique –habitudes désuètes- te retournes doucement, bouges ton bras et remontes la couverture sur mon corps- délaissé de tes envies, abandonné de tes mains, négligé de ton regard. Dépouille en perdition.
Tes mains, je me rappelle, tes mains me gèlent.
Un effleurement et c'est une horde de cicatrices qui se déchirent. Tes mains ne s'attardent plus et ce n'est même pas pour éviter cet incendie des sens, non, puisque tu l'ignores. C'est mon corps qui se fige au moindre contact, le sang qui se glace, le cœur qui bouillonne. Un dangereux mélange dont je finirais par mourir bientôt. Des mains gelées dans une chaleur qui ne m'appartient plus. Et pourtant, ce matin, ces souvenirs, l'éclosion de cette nouvelle fleur dans le jardin qui embaume l'air, trop saturé de nos non-dits, me donnent l'impression d'un sursaut de vie. Comme si j'avais encore du pouvoir ici, comme si je pouvais encore toucher avec mes mots, mes gestes, t'atteindre, juste ça, je ne sais plus comment faire. Tu y crois toi ? Retourne-toi et dis-moi que tu y crois puisque c'est à deux qu'on a commencé et réapprend-moi les pas qu'on a emprunté.
Tu as avalé tes cris, tu respires l'espoir. Qu'est ce qu'il se passe ici ?
Je nourris notre effort et je rêve de couleurs.
J'aurai pu en crever un million de fois et tu vois, j'ai toujours fini par me décider d'en vivre. Alors vis avec moi. Aide moi à redessiner cette vie qui s'effrite sous nos mains frissonnantes d'ignorance. Je veux retrouver les couleurs de tes yeux, cet espoir qu'on a oublié au fil des cieux. Ca semblait si facile avant, avant qu'on s'oublie. Tu te rappelles de ces moments de silence qui voulaient tout dire ? Maintenant ils ne font plus qu'écorcher ces envies de toi et saouler ces envies d'ailleurs. Mais il est toujours trop tôt pour un trop tard. Je veux juste te réapprendre à croire et nous survivre. Ca sera ce que ça sera tant que ça redevient à nous. J'ai retrouvé le courage dans le regard de ces noyés qui s'abandonnent, quand les apparences se défient de nous. Tu vois finalement, on s'est laissé couler alors que la mer pouvait nous aider à flotter. Déchéance précoce quand les cœurs se meurent en incandescence. Mais regarde-moi, prend ma main, tu vois, on est toujours là. Alors ne nous laisse pas, encore une fois.
Ma main dans la tienne. Et ça fait si longtemps, que j'entendrai presque ton cœur recommencer à tambouriner ma cadence. Tu crois vraiment?
Ecoute-moi, écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi, écoute-moi.
C'est fini maintenant tu ne peux plus te cacher pour oublier ce qu'on a été. Il reste les cendres, inéluctables souvenirs d'amants dépassés. J'aimerais te chuchoter ces mots dans l'oreille, te crier que c'est maintenant ou jamais et que si jamais ça m'achèverait. Mais les mots suffisent-ils quand leur absence s'est inscrite dans nos déceptions ? Ce qui est passé a fuit, ce que tu espères est absent, mais le présent est à toi alors oublie qu'ici les rêves s'élèvent et que même les anges y crèvent. Debout, les yeux enfin ouverts, je te redécouvre et espère, déjà asservie à cette flamme qui tente de renaître en toi. Tu as compris et tu te risques à m'attendre au carrefour de nos destins, puisque c'est maintenant. Approche-toi, je veux redevenir le plaisir de tes soupirs, la croisée de tes espérances et le souffle de l'inconnu qui s'efface. Serre-moi, je veux retrouver les tourments de nos corps qui s'emmêlent, le désir de nos gestes et la pérennité de nos matins. Aime-moi, je veux juste...
Réapprendre à t'aimer.
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Fleur-de-Pluie
[2011-04-14 18:22:28 +0000 UTC]
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