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Description
Juillet, désert iranien, Monts Zagros.

Nous sommes dans de beaux draps… ligotés, bâillonnés, jetés comme des sacs dans un creux de roche, juste assez près de notre potentiel palais pour voir nos ennemis le piller… j’ai envie de pleurer, mais il est hors de question que je le montre aux garçons, alors je vais plutôt raconter ce qui s’est passé, maintenant que j’ai réussi à nous libérer discrètement en partie, assez pour que mes mains libres puissent utiliser mon stylo. Nos affaires nous avaient été prises, mais elles étaient stockées un peu plus loin dans la caverne, donc j’ai pu profiter que nos ravisseurs ne regardaient pas pour ramper jusqu’à mon sac et trouver un objet coupant pour défaire mes liens. Cela dit, ils peuvent nous voir de là où ils sont, donc je suis vite revenue à ma place, bâillon toujours sur la bouche, et j’ai fait comme si j’étais toujours ligotée. J’ai libéré Nigel et Willka qui ont adopté la même ruse que moi. Donc si nos ennemis ne viennent pas voir de trop près, ils ne se rendront compte de rien. Or pour l’instant ils sont plus bas dans la vallée, en train de se préparer à piller notre trésor à notre place.

Petit retour sur les événements qui nous ont conduits dans cette fâcheuse posture. Nous étions si heureux d’avoir trouvé l’endroit que nous cherchions que nous ne nous sommes pas méfiés. De toute façon c’était un désert, donc qui aurions-nous pu croiser ? Nous avons établi un petit camp, et commencé à faire le tour du tell dès les premières lueurs du jour pour voir l’état des précédentes fouilles. Elles avaient en bonne partie été recouvertes à cause des tempêtes de poussière et des coulées de boue qui surviennent parfois quand, exceptionnellement, il tombe de l’eau dans cet endroit oublié de Tlaloc (mais si, vous savez, le dieu de la pluie Aztèque). Du coup il allait falloir dégager l’endroit pour accéder aux trous déjà faits par Sieger et son équipe. Nous sommes donc allés chercher le matériel pour creuser, et, ayant laissé au campement tout le reste de nos affaires, nous sommes revenus près du tell. Une mauvaise surprise nous y attendait.

Près de l’entrée, l’horreur me saisit en voyant une silhouette familière. Dorobo, l’Obake voleur qui s’était enfui du Japon à cause des Oni furieux qui le poursuivaient, me toisait, posé sous sa forme de perroquet sur une protubérance rocheuse. C’était donc lui l’esprit malfaisant qui m’avait espionnée à la bibliothèque ! Le problème était qu’il s’était fait accompagner. Par deux Lamassu. Normal, en Mésopotamie. Attendez… quoi ? Mais où avait-il trouvé deux Lamassu ? Ces énormes bestioles, au corps de lion, aux ailes d’aigles et à la tête d’homme barbu, étaient les gardiens des anciens temples de Mésopotamie. Dans les légendes, ils étaient vraiment gigantesques, et tuaient tous ceux qui tentaient de pénétrer dans le temple qu’ils gardaient, à moins qu’il ait le cœur totalement bon ou totalement mauvais. Ils allaient généralement par deux. J’en avais déjà vu, mais en statues de pierre, pas en vrai ! Cela dit, ceux-ci étaient beaucoup plus petits que les statues. Ils avaient à peu près la hauteur d’un humain, en tout. Peut-être que Dorobo avait le pouvoir d’appeler d’autres créatures surnaturelles à son aide ? Ces monstres étaient-ils des descendants dégénérés des majestueux gardiens d’antan ? En tout cas, Dorobo l’ara et le couple de Lamassu se tenaient entre nous et la porte. En plus, les deux bestioles avançaient vers nous, l’air menaçant. On voyait jouer les muscles beaucoup trop développés de leurs corps de lions. Alors que je reculais lentement, sans faire de geste brusque, pour éviter de déclencher un assaut intempestif, j’ai perdu tout contrôle de la situation : Willka et Nigel, en bonnes têtes brûlées, se sont rués à l’assaut !

Ce fut violent et bref. Willka, qui n’avait pas son arme, fut projeté d’un coup de patte vers l’arrière, et atterrit, à moitié évanoui, près de moi. Il saignait du nez et avait l’air de voir trente-six chandelles. Mais Nigel restait au corps à corps, armé de son fidèle bâton. Seul contre deux monstres géants. Il était plus rapide qu’eux, ce qui fait qu’il réussissait à les frapper régulièrement et même à les griffer avec ses pattes puissantes, mais il manquait d’allonge, et se trouvait trop près d’eux pour son propre bien. Je vis apparaître de plus en plus de griffures sanglantes sur son flanc, son dos, et ses pattes. Son corps rougissait au fur et à mesure. Il perdait du sang. Il s’acharnait, pourtant, décidé à ne pas céder d’un pouce. Mais je voyais bien qu’il ne tiendrait pas longtemps. Hop, un bon coup de bâton sur le crâne du Lamassu de gauche. Mais aussitôt, riposte du Lamassu de droite qui lui mit un violent coup dans les côtes. Si je le laissais faire, il allait mourir. En héros, certes, mais je le préférais vivant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’était à nouveau pris un coup de Lamassu sur la tête. Comme je n’étais pas d’une grande utilité dans ce genre de combat trop musclé, j’ai fait ce que je pouvais. J’ai crié, de toutes mes forces : « STOP ! ». Cela m’a permis d’avoir pendant quelques secondes l’attention générale. J’ai donc dit à mon assistant, tout pantelant, ruisselant de sang, épuisé : « Nigel, ça suffit. Reviens. Ça ne sert à rien ». Puis, après une pause dramatique pour accentuer l’effet de mes paroles, j’ajoutai : « Je ne veux pas que tu meures. ». Et immédiatement j’ai lancé au perroquet : « Dorobo ! Rappelle tes sbires. Nous nous rendons ». Comme Willka avait repris connaissance, et que Nigel revenait s’écrouler dans mes bras à bout de souffle, j’ordonnai à mon autre assistant d’agir : « Willka. La trousse de secours. Vite ». Il s’exécuta sans attendre et vola jusqu’au campement d’un vol un peu hésitant, avant de revenir avec la trousse. Quant à moi, j’étais assise sur le sol, Nigel affalé sur moi. Il me mettait du sang partout. Il n’avait pas l’air très en forme. Heureusement, après une brève inspection, je compris qu’il n’avait rien de cassé, et que ses blessures étaient surtout des griffures importantes. Il fallait les désinfecter et les panser, mais rien de tout cela ne mettait ses jours dans un danger immédiat. Cela dit, il avait perdu beaucoup de sang et beaucoup de forces, et l’entaille à son flanc gauche était plus profonde et plus grave que les autres.

Dorobo ne me laissa pas beaucoup de temps pour réparer mon assistant. Il me lança d’un air dédaigneux notre matériel de fouille, et me dit : « Dans la vie, il y a deux sortes de personnes. Ceux qui ont des Lamassu et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ». Serrant les dents, je confiai sans grand enthousiasme une pelle à Nigel et une à Willka, et je m’avançai pour faire ce qu’ordonnait notre adversaire vainqueur, sous le regard glacé des deux monstres qui l’accompagnaient. Comme les méchants aiment s’écouter parler, pendant que mes deux blessés et moi nous creusions péniblement pour dégager l’entrée, il me raconta comment il avait réussi ce tour de maître qui lui avait permis de s’emparer de nous et de mettre la main (la serre, plutôt ! Quel rapace ce perroquet !) sur ce trésor qu’il espérait fabuleux. Blah, blah, il me suivait depuis un moment, il avait vu que j’allais souvent au portail de la bibliothèque et il m’y avait suivi. Il avait vu que j’avais trouvé quelque chose, et comme il estimait que je lui devais un trésor car j’avais raflé le sien (en même temps il l’avait abandonné), et qu’il trouvait mon Muséum trop bien protégé, il avait fait ses propres recherches, et il avait décidé de me suivre en Mésopotamie. Comme il ne faisait pas le poids, il avait engagé des « mercenaires », c’est à dire qu’il avait trouvé une inscription magique sur une vieille tablette en cunéiforme, qui permettait d’invoquer une paire de Lamassu. Mais comme la magie était faible dans le monde actuel, il n’avait obtenu que deux « avortons ». Qui suffisaient quand même à nous mettre la pâtée. Blah, blah. Il déblatérait toujours quand Nigel a fait un malaise. La perte de sang et la faiblesse n’allaient pas bien avec le travail de force que nous faisions. Dorobo nous a ordonné, à Willka et moi, de continuer, et nous avons dû attendre que l’ancienne entrée des fouilles soit à nouveau dégagée pour pouvoir nous arrêter. C’est là que les Lamassu nous ont embarqués en nous portant dans leur bouche, tenus par nos vêtements comme des lionceaux tenus par la peau du cou par leur mère (barbue, la maman, quand même), et qu’ils nous ont déposés dans cette caverne. Dorobo m’a piqué le carnet de fouilles de Sieger, qu’il a commencé à lire avec intérêt. J’ai eu le droit de panser un peu mieux Nigel, après quoi Willka a été obligé de nous attacher, et Dorobo a ligoté Willka et nous a bâillonnés, en nous annonçant qu’il nous laissait à cet endroit pour que nous puissions être témoins de son triomphe. Sale vantard. Voleur de découverte !

Quand je me suis libérée, j’ai pu faire boire un peu d’eau à Nigel qui se sentait à nouveau défaillir. Il tient le coup bravement en serrant les dents. Mais cette fois, pas de fontaine magique pour guérir tout ça miraculeusement. Je crois que Boursin va nous tuer. Légitimement, c’est à Nigel qu’il devrait s’en prendre. Je n’ai pas du tout encouragé cette action stupide et irréfléchie. Mais courageuse. Brave. Assez héroïque finalement. Me voilà bien : mes assistants veulent jouer les héros. A l’avenir, il faudra que je fasse attention, et je leur ferai promettre de ne plus jamais partir au combat contre des créatures deux fois plus grandes que nous (au moins) sans m’avoir consultée d’abord. Pas envie de retrouver des petits bouts d’assistants éparpillés façon puzzle.

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Juillet, désert iranien, Monts Zagros.

Nous sommes dans de beaux draps… ligotés, bâillonnés, jetés comme des sacs dans un creux de roche, juste assez près de notre potentiel palais pour voir nos ennemis le piller… j’ai envie de pleurer, mais il est hors de question que je le montre aux garçons, alors je vais plutôt raconter ce qui s’est passé, maintenant que j’ai réussi à nous libérer discrètement en partie, assez pour que mes mains libres puissent utiliser mon stylo. Nos affaires nous avaient été prises, mais elles étaient stockées un peu plus loin dans la caverne, donc j’ai pu profiter que nos ravisseurs ne regardaient pas pour ramper jusqu’à mon sac et trouver un objet coupant pour défaire mes liens. Cela dit, ils peuvent nous voir de là où ils sont, donc je suis vite revenue à ma place, bâillon toujours sur la bouche, et j’ai fait comme si j’étais toujours ligotée. J’ai libéré Nigel et Willka qui ont adopté la même ruse que moi. Donc si nos ennemis ne viennent pas voir de trop près, ils ne se rendront compte de rien. Or pour l’instant ils sont plus bas dans la vallée, en train de se préparer à piller notre trésor à notre place.

Petit retour sur les événements qui nous ont conduits dans cette fâcheuse posture. Nous étions si heureux d’avoir trouvé l’endroit que nous cherchions que nous ne nous sommes pas méfiés. De toute façon c’était un désert, donc qui aurions-nous pu croiser ? Nous avons établi un petit camp, et commencé à faire le tour du tell dès les premières lueurs du jour pour voir l’état des précédentes fouilles. Elles avaient en bonne partie été recouvertes à cause des tempêtes de poussière et des coulées de boue qui surviennent parfois quand, exceptionnellement, il tombe de l’eau dans cet endroit oublié de Tlaloc (mais si, vous savez, le dieu de la pluie Aztèque). Du coup il allait falloir dégager l’endroit pour accéder aux trous déjà faits par Sieger et son équipe. Nous sommes donc allés chercher le matériel pour creuser, et, ayant laissé au campement tout le reste de nos affaires, nous sommes revenus près du tell. Une mauvaise surprise nous y attendait.

Près de l’entrée, l’horreur me saisit en voyant une silhouette familière. Dorobo, l’Obake voleur qui s’était enfui du Japon à cause des Oni furieux qui le poursuivaient, me toisait, posé sous sa forme de perroquet sur une protubérance rocheuse. C’était donc lui l’esprit malfaisant qui m’avait espionnée à la bibliothèque ! Le problème était qu’il s’était fait accompagner. Par deux Lamassu. Normal, en Mésopotamie. Attendez… quoi ? Mais où avait-il trouvé deux Lamassu ? Ces énormes bestioles, au corps de lion, aux ailes d’aigles et à la tête d’homme barbu, étaient les gardiens des anciens temples de Mésopotamie. Dans les légendes, ils étaient vraiment gigantesques, et tuaient tous ceux qui tentaient de pénétrer dans le temple qu’ils gardaient, à moins qu’il ait le cœur totalement bon ou totalement mauvais. Ils allaient généralement par deux. J’en avais déjà vu, mais en statues de pierre, pas en vrai ! Cela dit, ceux-ci étaient beaucoup plus petits que les statues. Ils avaient à peu près la hauteur d’un humain, en tout. Peut-être que Dorobo avait le pouvoir d’appeler d’autres créatures surnaturelles à son aide ? Ces monstres étaient-ils des descendants dégénérés des majestueux gardiens d’antan ? En tout cas, Dorobo l’ara et le couple de Lamassu se tenaient entre nous et la porte. En plus, les deux bestioles avançaient vers nous, l’air menaçant. On voyait jouer les muscles beaucoup trop développés de leurs corps de lions. Alors que je reculais lentement, sans faire de geste brusque, pour éviter de déclencher un assaut intempestif, j’ai perdu tout contrôle de la situation : Willka et Nigel, en bonnes têtes brûlées, se sont rués à l’assaut !

Ce fut violent et bref. Willka, qui n’avait pas son arme, fut projeté d’un coup de patte vers l’arrière, et atterrit, à moitié évanoui, près de moi. Il saignait du nez et avait l’air de voir trente-six chandelles. Mais Nigel restait au corps à corps, armé de son fidèle bâton. Seul contre deux monstres géants. Il était plus rapide qu’eux, ce qui fait qu’il réussissait à les frapper régulièrement et même à les griffer avec ses pattes puissantes, mais il manquait d’allonge, et se trouvait trop près d’eux pour son propre bien. Je vis apparaître de plus en plus de griffures sanglantes sur son flanc, son dos, et ses pattes. Son corps rougissait au fur et à mesure. Il perdait du sang. Il s’acharnait, pourtant, décidé à ne pas céder d’un pouce. Mais je voyais bien qu’il ne tiendrait pas longtemps. Hop, un bon coup de bâton sur le crâne du Lamassu de gauche. Mais aussitôt, riposte du Lamassu de droite qui lui mit un violent coup dans les côtes. Si je le laissais faire, il allait mourir. En héros, certes, mais je le préférais vivant. En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, il s’était à nouveau pris un coup de Lamassu sur la tête. Comme je n’étais pas d’une grande utilité dans ce genre de combat trop musclé, j’ai fait ce que je pouvais. J’ai crié, de toutes mes forces : « STOP ! ». Cela m’a permis d’avoir pendant quelques secondes l’attention générale. J’ai donc dit à mon assistant, tout pantelant, ruisselant de sang, épuisé : « Nigel, ça suffit. Reviens. Ça ne sert à rien ». Puis, après une pause dramatique pour accentuer l’effet de mes paroles, j’ajoutai : « Je ne veux pas que tu meures. ». Et immédiatement j’ai lancé au perroquet : « Dorobo ! Rappelle tes sbires. Nous nous rendons ». Comme Willka avait repris connaissance, et que Nigel revenait s’écrouler dans mes bras à bout de souffle, j’ordonnai à mon autre assistant d’agir : « Willka. La trousse de secours. Vite ». Il s’exécuta sans attendre et vola jusqu’au campement d’un vol un peu hésitant, avant de revenir avec la trousse. Quant à moi, j’étais assise sur le sol, Nigel affalé sur moi. Il me mettait du sang partout. Il n’avait pas l’air très en forme. Heureusement, après une brève inspection, je compris qu’il n’avait rien de cassé, et que ses blessures étaient surtout des griffures importantes. Il fallait les désinfecter et les panser, mais rien de tout cela ne mettait ses jours dans un danger immédiat. Cela dit, il avait perdu beaucoup de sang et beaucoup de forces, et l’entaille à son flanc gauche était plus profonde et plus grave que les autres.

Dorobo ne me laissa pas beaucoup de temps pour réparer mon assistant. Il me lança d’un air dédaigneux notre matériel de fouille, et me dit : « Dans la vie, il y a deux sortes de personnes. Ceux qui ont des Lamassu et ceux qui creusent. Toi, tu creuses ». Serrant les dents, je confiai sans grand enthousiasme une pelle à Nigel et une à Willka, et je m’avançai pour faire ce qu’ordonnait notre adversaire vainqueur, sous le regard glacé des deux monstres qui l’accompagnaient. Comme les méchants aiment s’écouter parler, pendant que mes deux blessés et moi nous creusions péniblement pour dégager l’entrée, il me raconta comment il avait réussi ce tour de maître qui lui avait permis de s’emparer de nous et de mettre la main (la serre, plutôt ! Quel rapace ce perroquet !) sur ce trésor qu’il espérait fabuleux. Blah, blah, il me suivait depuis un moment, il avait vu que j’allais souvent au portail de la bibliothèque et il m’y avait suivi. Il avait vu que j’avais trouvé quelque chose, et comme il estimait que je lui devais un trésor car j’avais raflé le sien (en même temps il l’avait abandonné), et qu’il trouvait mon Muséum trop bien protégé, il avait fait ses propres recherches, et il avait décidé de me suivre en Mésopotamie. Comme il ne faisait pas le poids, il avait engagé des « mercenaires », c’est à dire qu’il avait trouvé une inscription magique sur une vieille tablette en cunéiforme, qui permettait d’invoquer une paire de Lamassu. Mais comme la magie était faible dans le monde actuel, il n’avait obtenu que deux « avortons ». Qui suffisaient quand même à nous mettre la pâtée. Blah, blah. Il déblatérait toujours quand Nigel a fait un malaise. La perte de sang et la faiblesse n’allaient pas bien avec le travail de force que nous faisions. Dorobo nous a ordonné, à Willka et moi, de continuer, et nous avons dû attendre que l’ancienne entrée des fouilles soit à nouveau dégagée pour pouvoir nous arrêter. C’est là que les Lamassu nous ont embarqués en nous portant dans leur bouche, tenus par nos vêtements comme des lionceaux tenus par la peau du cou par leur mère (barbue, la maman, quand même), et qu’ils nous ont déposés dans cette caverne. Dorobo m’a piqué le carnet de fouilles de Sieger, qu’il a commencé à lire avec intérêt. J’ai eu le droit de panser un peu mieux Nigel, après quoi Willka a été obligé de nous attacher, et Dorobo a ligoté Willka et nous a bâillonnés, en nous annonçant qu’il nous laissait à cet endroit pour que nous puissions être témoins de son triomphe. Sale vantard. Voleur de découverte !

Quand je me suis libérée, j’ai pu faire boire un peu d’eau à Nigel qui se sentait à nouveau défaillir. Il tient le coup bravement en serrant les dents. Mais cette fois, pas de fontaine magique pour guérir tout ça miraculeusement. Je crois que Boursin va nous tuer. Légitimement, c’est à Nigel qu’il devrait s’en prendre. Je n’ai pas du tout encouragé cette action stupide et irréfléchie. Mais courageuse. Brave. Assez héroïque finalement. Me voilà bien : mes assistants veulent jouer les héros. A l’avenir, il faudra que je fasse attention, et je leur ferai promettre de ne plus jamais partir au combat contre des créatures deux fois plus grandes que nous (au moins) sans m’avoir consultée d’abord. Pas envie de retrouver des petits bouts d’assistants éparpillés façon puzzle.