HOME | DD

Description
Topic title: "Le devoir de math de Gérard"
Topic author: "Tupas"
Le devoir de math de Gérard

Histoire librement adaptée d'un conte trouvé sur Internet dont j’ai malheureusement totalement perdu les références. Mille excuses à son auteur initial !

Mardi 19 Septembre 1966, 8h15

- Debout, c'est l'heure, mon chéri !

Gérard ouvrit un œil. Sa mère l'embrassait tendrement :
- Merci, maman…
- Ce soir, tu pourras rester avec tes copains jusqu'à l'heure du repas… si tu as fait ton devoir de math, évidemment,
- Je l'aurai fait, t'inquiète pas !

C'est sur cette promesse que Gérard, après avoir copieusement déjeuné, enfourcha son vélo pour rejoindre le lycée Artance, la boite privée très select où il était en seconde.

Le mardi n'était pas le pire jour de la semaine, avec une heure de perm de 11 à 12, où il pourrait liquider ce foutu devoir de math, et la fin des cours à 16 heures par une heure de gym… Ça lui laissait plus de deux heures pour rejoindre ses copains à la maison des jeunes !

Mardi 19 Septembre 1966, 11h05

- Terrala ! A la visite !

Merde…Il l'avait oublié celle-là… C'était la visite médicale ! Ça allait lui bouffer une bonne part du temps qu'il avait prévu pour son devoir !

Gérard se retrouva en slip, à l'infirmerie, à attendre qu'on veuille bien s'occuper de lui. Au bout de 10mn, ce fut à son tour de passer sous la toise -1m66- et sur la balance -58kg- « Et ben, tu as pris presque 10cm et 8 kg en 1an », commenta l'infirmière non sans lui avoir piqué le doigt pour récolter une goutte de sang et lui avoir donné une petite fiole pour « un petit pipi ». Encore 10mn d'attente et passage devant le médecin ; ce fut torché en cinq minutes « Tu es en parfaite santé, mon garçon, continue à rester raisonnable : pas de cigarette, pas d'alcool… et tu t'éviteras bien des ennuis»

Une demi-heure ! La visite lui avait bouffé une demi-heure ! Il allait être très juste pour son devoir… A l'heure de passer à table, il n'était pas encore terminé. Il en avait encore une vingtaine de minutes à trouver et ça ne pouvait être qu'après les cours, chez lui…

Mardi 19 Septembre 1966, 14h40

Pendant que Gérard écoutait le prof de français en ruminant sur son foutu devoir de math, un convoi de trois voitures circulait à bonne allure dans les rues calmes et ombragées qui menaient au lycée. Sylvain Kromaso, Gouverneur de la province de Kwango, occupait la 2ème voiture, qu'encadraient celles transportant ses gardes du corps et ses assistants. Les Kromaso régnaient sur cette région retirée depuis des générations, bien avant l'arrivée des Européens. Au retour de l'indépendance, Sylvain Kromaso avait repris le contrôle du Kwango. Pour financer ses milices armées, il avait réquisitionné à son profit plusieurs mines de diamant et autres pierres précieuses. Face aux mesures de rétorsion prises par l'ONU contre les « diamants du sang », il cherchait des intermédiaires pour écouler sa marchandise. Mr Kromaso était ici pour finaliser un accord avec Mr Ermodel, un affairiste … mais la raison officielle de sa venue en France était la visite de ce lycée privé dont Mr Ermodel présidait le conseil. Le lycée se targuait de méthodes innovantes qui attiraient des visiteurs de toute la sphère francophone, alors, pourquoi pas Mr Kromaso ?

Mr Ermodel l'attendait sur le perron de l'école. Il lui serra chaleureusement la main :
- Mbote, M. Kromaso.
M. Kromaso ne put retenir un regard de surprise :
- Olobaka lingala?
- Ee, Moke nayebe !

M. Ermodel repassa en français :
- Avant de travailler pour mon compte, j'ai longtemps œuvré dans le cadre gouvernemental dans votre région. J'ai alors appris vos langues et, compte-tenu de la teneur particulière de notre réunion, j'ai rafraichi mes connaissances en Linguala afin que nous puissions, quand cela est nécessaire, rendre nos conversations plus privée.
- Ce sera avec plaisir…
- Le Proviseur du lycée, Mr Froment, nous a gentiment réservé son bureau pour notre conférence. Il va également nous faire visiter son lycée. Il faut bien justifier votre présence ici !

Pendant qu'ils cheminaient dans le lycée, Mr Ermodel rebascula en linguala :
- Mr Kromaso, je sais que vous êtes très attachés à vos traditions et coutumes
- C'est vrai, je pense que nos coutumes doivent être maintenues car elles sont l'héritage de notre peuple.
- Et cela inclut vos traditions culinaires ?
- Certainement, j'ai une nette préférence pour notre cuisine
- Et cela inclue certains types d'aliments, notamment des viandes, que les plus bornés de mes compatriotes désapprouveraient fermement.

Mr Kromaso fronça les sourcils…
- Ne vous méprenez pas, Mr Kromaso. Loin de moi l'idée de porter un quelconque jugement sur les coutumes d'autres cultures que la mienne ! Je vais être franc avec vous car c'est comme cela que je comprends les relations d'affaires longues et fructueuses : vous continuez à manger de la chair humaine, n'est-ce-pas ?

Mr Kromaso sourit :
- Je serai aussi franc. Après tout, j'ai moi-même fait enquêter sur vous. Il est exact que, en de grandes occasions, ma famille ne dédaigne pas de déguster de la viande de, comme nous disons entre nous, porcelets.

La visite continuait. Le Proviseur bourdonnait de plaisir, donnant forces détails sur ce qui était enseigné dans chaque salle qu'ils traversaient. Ils sortirent du bâtiment principal et se dirigèrent vers un bâtiment annexe de belle taille :
- Messieurs, je vais maintenant vous montrer notre salle de sport. Nous passerons par les vestiaires pour atteindre la grande salle.

Mr Ermodel rebascula en linguala :
- Mr Kromaso, excusez mon audace mais je souhaiterais vous poser une question sur un sujet un peu délicat
- N'hésitez pas à me demander, je répondrai du mieux possible.
- Je me demandais si vous pouviez, rien qu'en le regardant, déterminer la qualité de viande d'un porcelet.
- Je le peux, oui, et je me trompe rarement.
- Alors, comme nous allons traverser le vestiaire de la salle de sport, je vous invite à me désigner le ou les porcelets qui vous y paraissent digne d'intérêt.
- Excellente idée, cela va pimenter cette visite un peu roborative !

Mardi 19 Septembre 1966, 15h02

Escortés par le Proviseur, les deux hommes entrèrent dans le vestiaire alors qu'une trentaine de garçons s'équipaient pour leur cours de sport. Le regard de Mr Kromaso se fit incisif et balaya toute la scène. Mr Ermodel eut un fin sourire : le Proviseur avait parfaitement respecté ses instructions puisqu'il s'agissait des élèves des deux classes de seconde du lycée...

Assis sur un banc, Gérard Terrala, après avoir enfilé son short d'athlétisme et son tee-shirt, tirait sur ses chaussettes. L'arrivée des trois hommes, dont un grand costaud qu'il n'avait jamais vu, ne le détourna pas de son objectif : mettre ses tennis. Il se mit debout, se tourna légèrement et posa un pied sur le banc, faisant se retrousser son short sur sa cuisse. Il leva les yeux quand les visiteurs passèrent près de lui et croisa un court instant le regard du costaud inconnu. Sans savoir pourquoi, il en ressentit une gêne et il retourna rapidement à ses chaussures, son trouble passa vite car il y avait ce devoir qu'il devait rendre demain qui lui occultait l'esprit…

L'animation cessa dans le vestiaire car tout le monde avait rejoint la salle de sport, visiteurs compris. Les garçons s'étaient rassemblés le long du mur, en attente des instructions de leur professeur. Ainsi regroupés, il devint plus facile à Mr Kromaso de les évaluer. Le professeur cria : « De la discipline, les gars, commencez par tourner en petites foulées ! »

Les garçons passèrent au trot devant les trois visiteurs :
- Alors Mr Kromaso, trouvez-vous votre bonheur ? Ce sont des élèves de seconde...
- Je constate que vous êtes bien informés car ils sont à l'âge où la viande est la meilleure. C’était l'âge où, avant votre arrivée dans nos contrées, mes aïeuls castraient leurs esclaves pour les engraisser quelques mois de plus sans que leur virilité ne dégrade leurs qualités gastronomiques… L'ennui, c'est qu'à cet âge, on est souvent maigrelet comme on peut le voir avec ce groupe… J'en vois 3 ou 4 qui feraient d'honorables porcelets… A dire vrai, il n'y en a surtout un que mes aïeux auraient immédiatement retenu : le châtain aux cheveux bouclés avec un short vert.

Il désigna d'un coup de menton Gérard qui passait près d'eux. Mr Ermodel jeta un regard appuyé au Proviseur qui lui chuchota à l'oreille : « Honnêtement, je ne suis pas à l'aise du tout.. » «J'ai bien noté votre trouble, Mr Froment, néanmoins, je vous demande de mettre en œuvre mes directives »

Les garçons avaient remarqué le coup de menton de Mr Kromaso : « On dirait que t'as un admirateur, Gégé » railla Travis, son plus proche copain. « Ta gueule ! ».

Mardi 19 Septembre 1966, 15h08

Au tour suivant Mr Florent fit un signe à Gérard quand il passa près d'eux : « Gérard, Viens par ici ! »

Le garçon sortit du groupe et rejoignit les trois hommes. Il avait les joues rougies par l'effort et reprenait sa respiration.
- Gérard, je pense que tu as reconnu Mr Ermodel, le Président de notre conseil.
- Bonjour Gérard, intervint Mr Ermodel, je te présente Mr Sylvain Kromaso, Gouverneur de la province de Kwango. Mr Kromaso visite notre lycée afin d'en savoir plus sur notre système éducatif.

Gérard serra la main que Mr Kromaso lui tendait :
- Heureux de vous rencontrer, monsieur
- Enchanté, je…

Mr Kromaso s'arrêta. Il ne voyait pas trop que dire à ce môme qui lui titillait les glandes salivaires. Mr Ermodel vint à son secours :
- Mr Kromaso maitrise mal notre langue, aussi je vais faire l'interprète

Puis, se tournant vers son hôte, il lui demanda en ligala :
- Qu'a ce garçon de particulier pour avoir attiré votre attention ?
- Au vestiaire, j'ai remarqué ses cuisses bien musclées alors, qu'à cet âge, elles sont souvent fort minces. Ses jambes ont juste ce qu'il faut de muscles pour offrir une viande en quantité suffisante tout en restant tendre et juteuse.
Mr Ermodel se tourna vers Gérard :
- Mr Kromaso voudrait savoir quels sports vous pratiquez pour paraitre en aussi bonne santé.
- Je suis le capitaine de l'équipe cadet de foot de l'école. Je fais aussi de la gymnastique et beaucoup de patinage l'hiver. J'aime bien aussi le patin à roulettes mais, ça, ce n’est pas dans le programme scolaire.
- On compte beaucoup sur Gérard pour le tournoi académique de foot, signala le Proviseur.

Mr Ermodel ne releva pas l'allusion et répercuta à sa façon la réponse du garçon en lingala :
- Il est un bel exemple des bienfaits d'une vie sportive variée.
- Voyez aussi comme ses bras et ses épaules sont bien musclés sans atteindre l'exagération qui rendrait sa viande trop dure. Son teint doux, son allure juvénile et la douceur de sa main garantissent qu'il n'a pas encore été submergé par sa virilité, ce qui est excellent pour la tendreté et le gout de sa chair.

Quoique ne comprenant rien à ce charabia, Gérard avait instinctivement croisé ses bras devant lui. Mr Ermodel fit une traduction très libre :
- Mr Kromaso est très impressionné par tes activités sportives. Il se demande même s'il te reste du temps pour étudier…
- Gérard n'est pas notre meilleur élève mais il se défend ! rigola Mr Froment, soulagé par ce qu'il croyait être une traduction fidèle.

Me Kromaso sourit et rajouta en ligala :
- Je suppose que son torse confirmera mais je n'ai pas pu le voir car il avait déjà son maillot quand nous sommes rentrés.

Mr Ermodel s'adressa à Gérard :
- Mr Kromaso souhaite ramener à ses enseignants une photo de toi avec lui afin de leur montrer concrètement les bienfaits de ce type d'éducation où les activités sportives ont une place importante. Je pense, pour le renom de notre lycée, qu'il faudrait mieux que tu portes le maillot avec son sigle...

Mardi 19 Septembre 1966, 15h14

Gérard commençait à trouver tout cela un peu lourd. Il se tourna vers le Proviseur qui hocha la tête d'un air fatigué. Il enleva son maillot et enfila celui de l'école que lui tendit le Proviseur. Mr Kromaso observait attentivement son changement de tenue qui lui offrait des aperçus très appétissants sur son torse en action. Gérard, le Proviseur et Mr Kromaso firent la pose devant l'appareil photo de Mr Ermodel. Mr Kromaso commenta en pingala :
- Voyez comme sa peau est lisse et saine. Sa poitrine est bien formée, sans exagération. Son ventre est plat avec juste ce petit début de bourrelet gage d'une viande légèrement persillée. Pas d'erreur possible, ce garçon est un porcelet de très grande qualité.
- Merci, Gérard, de ta coopération. Tu peux rejoindre tes camarades.

Soulagé que ça en finisse, Gérard remit son maillot, offrant ainsi un nouveau spectacle à Mr Kromaso, ravi.

Les trois hommes quittèrent la salle et Mr Kromaso commenta :
- Il a la carrure d'un gamin bien nourris mais, à cet âge, on se goinfre souvent avec n'importe quoi…
- Pas ici ! Le lycée est très exigeant sur la qualité des produits que nos cuisiniers préparent pour ses élèves. Et ce n'est pas le style des familles qui mettent leurs enfants chez nous de les autoriser à se bourrer de sucreries…
- Excellent ! Un adage de mon pays dit que si le porcelet mange sainement, alors nous aussi… La façon dont il court est aussi pleine d'enseignement sur sa qualité de viande. Voyez comment ses hanches se trémoussent, cela indique qu'une belle épaisseur de muscle recouvre ses os. Ses formes sont arrondis et fermes. Pas de mollesse comme chez certains de ses camarades trop gras ni de raideur chez la plupart des autres trop maigres.
- Alors, il te voulait quoi, ce type ? demanda Travis
- Rien de spécial, c'est juste le Dirlo qui fait de la promo…

La visite se terminait, Mr Kromaso et Mr Ermodel continuaient leur discussion en lingana :
- Cette visite vous a plu ?
- Elle m'a donné faim, en tout cas ! Puisque nous sommes devenus de bons amis, je dois admettre que si j'avais remarqué un porcelet comme lui dans ma ville, il aurait à coup sûr disparu peu après…
- On peut disparaitre n'importe où, à notre époque…

Me Kromaso haussa les sourcils. Il avait parfaitement compris où Mr Ermodel voulait en venir :
- Mr Kromaso, nous souhaitons construire avec vous une relation d'affaires durable. Notre souhait le plus cher est de vous montrer combien nous tenons à cette association. Nous avons programmé un banquet ce soir dans un club privé éloigné de la ville et réservé à notre usage exclusif. Nous souhaitons vous y offrir le genre de nourriture que vous réservez traditionnellement à un évènement important.
- Ce sera vraiment un grand honneur… Je suis déjà affamé, ajouta Mr Kromaso alors que la colonne des garçons en sport repassait devant eux.
- Autre chose. Y-a-t-il une manière particulière de préparer ce type de viande ?
- Chez nous, on prépare les porcelets comme toute autre viande de gibier : découpée et grillée sur des barbecues. Cependant, j'ai toujours été fasciné par la pratique occidentale de rôtir les porcs entiers. J'ai demandé à mes cuisiniers de faire de même mais ils ont refusé, de peur de rater leur cuisson.
- Notre chef est hautement qualifié avec une grande expérience et son restaurant s'appelle « Le Fournil » car il comporte un four d'une taille suffisante pour rôtir tout type de viande. Je lui transmettrai votre souhait. Je crois savoir également que, à l'inverse de beaucoup de viande, celle du porcelet peut être cuisinée immédiatement après sa mise à mort.
- C'est même indispensable car cela lui confère une saveur et une tendreté à nul autre pareil.
- Voilà qui, dans le cas présent, nous arrange admirablement !

Les garçons repassèrent une nouvelle fois, Gérard jeta un coup d'œil sur ce type qui l'avait tant troublé tout à l'heure sans savoir qu'il discutait de son avenir proche : "Et bien, ça les met de bonne humeur, de visiter le lycée !»

Mr Ermodel se tourna vers Mr Florent :
- Vous savez ce qu'il vous reste à faire.
- Oui… enfin non...
- Mr Florent, ma collaboration avec Mr Kromaso s'annonce très rentable. Elle est indispensable pour financer le nouveau bâtiment des sciences que vous me réclamez…
- J'ai compris… Je fais le nécessaire.

Peu de temps après, les visiteurs quittaient le lycée en se donnant rendez-vous au club privé vers 21Heures.

Mardi 19 Septembre 1966, 16h12

Les perturbations créées par ses visiteurs avaient retardé la fin du cours et cela n'arrangeait pas Gérard, déjà à la bourre. Il ne prit pas la peine de changer de tenue et enfourcha sa bicyclette pour rentrer chez lui. Damnation ! Le dirlo l'attendait à la sortie :
- Gérard, Mr Ermodel a oublié cette enveloppe. Il vient d'arriver au restaurant « Le Fournil ». Comme c'est sur ta route, je te pris de la lui donner en passant.
- Mais, Mr le Proviseur, je suis déjà très en retard…
- Ne discute pas mes ordres. Cela ne te prendra qu'une minute. Et tu la lui donnes en main propre car c'est un document important !

En ronchonnant, Gérard mit l'enveloppe dans sa sacoche et partit comme un fou, tournant ostensiblement le dos au Proviseur qui le regarda s'éloigner « Pauvre gosse… S'il savait où je l'envoie… Que ne faut-il pas faire pour améliorer mon lycée… »

Gérard pédalait en râlant ; il fut tenté un instant d'oublier l'ordre mais, à la réflexion, il considéra que les conséquences en seraient nettement plus graves que s'il n'arrivait pas à terminer son devoir de math à temps.

Mardi 19 Septembre 1966, 16h28

Gérard s'engagea sur le chemin privé qui menait au restaurant. Me Ermodel l'attendait sur le perron :
- Ah, voilà mon commissionnaire ! Entre…
- C'est que… J'ai vraiment pas le temps… voilà votre enveloppe…
- Ttt Tttt, tu es tout transpirant, il faut te reposer un peu et boire quelque chose... Tu le mérites bien ! Suis-moi, on va te trouver ça…

Le ton de Mr Ermodel était sans réplique. Soumis, Gérard descendit de son vélo et le suivit dans l'établissement. Il y régnait une agréable odeur de cuisine, ce qui l'étonna :
- Il est fermé, d'habitude, ce restaurant, le mardi…
- C'est que ce soir, il y a une soirée privée. Je reçois Mr Kromaso, tu te souviens, le monsieur avec qui j'ai visité le lycée.
- Ah oui, le Gouverneur de la province du Kangoo ?

Ils arrivèrent dans la cuisine. En les voyant entrer, le Chef quitta la casserole sur lequel il était penché pour aller à leur rencontre.
- Chef, je te présente Gérard, le garçon qui a tant plu à Mr Kromaso…
- Ah, le médaillé ? Mais tu es tout en sueur, mon garçon…
- C'est que je suis très pressé et j'ai bombé sur mon vélo…
- Tu as eu raison, ça t'a massé les muscles qui se sont gorgés d'oxygène… Excellente préparation…
- Préparation à quoi ?
- A tout ce qui va m'occuper à partir de maintenant…

Pendant que le Chef discutait avec Gérard, deux de ses assistants s'étaient discrètement approchés du garçon. Sur un signe de tête du Chef, ils l'empoignèrent brutalement et le plaquèrent sur la solide table de travail au centre de la pièce de telle sorte que sa tête dépasse du bord. Gérard eut tout juste le temps de voir un grand seau juste en dessous quand le Chef le saisit sous le menton et lui souleva la tête, dégageant son cou. Mr Ermodel le regardait en souriant :
- C'est à toi que Mr Kromaso a décerné la médaille d'or, cet après-midi. Pas une médaille pour sportif, mais celle qui récompense le porcelet le plus appétissant, celui que le Chef va préparer spécialement pour lui et ses invités… Félicitations ! Et à tout à l'heure !

Mardi 19 Septembre 1966, 16h32

D'un coup bien ajusté de scalpel, le Chef trancha la carotide de Gérard. Le sang gicla par saccade et le garçon sombra quasi instantanément dans l'inconscience.

- Il n'a pas eu le temps de réaliser ce qui lui arrive… pas de risque que sa viande ait été polluée par la peur…
- Bravo, Chef, et il sera prêt à 21 heures ?
- On a du boulot sur la planche, mes assistants et moi, mais votre porcelet sera rôti quand vous arriverez…

Ses assistants s'activaient déjà autour du cadavre de Gérard, encore secoué des spasmes post-mortem. A coup de ciseaux ils lui retirèrent tous ses vêtements qui partirent à la poubelle. Le Chef prit un peu de temps pour l'inspecter :
- Il a l'œil perspicace, votre Gouverneur. Ce môme est splendide et je vais prendre un grand plaisir à vous le mitonner…

Mardi 19 Septembre 1966, 21h05

Mr Kromaso fut accueilli à l'entrée du restaurant par Mr Ermodel qui l'invita à le suivre. Tous les invités, dont le Proviseur, étaient déjà arrivés dans le hall et ils suivirent les deux hommes jusqu'à la grande salle où le repas les attendait. Il y avait un superbe buffet rempli de salades et de plats plus raffinés les uns que les autres.

La pièce maitresse du banquet n'était pas encore là. Quand tout le monde fut arrivé, Mr Ermodel donna le top et, sous les applaudissements de toute l'assistance, le Chef déboucha dans la salle en poussant cérémonieusement devant lui une table sur laquelle trônait le porcelet.

Me Kromaso reconnut le gamin qu'il avait sélectionné dans la salle de sport du lycée Artempion. Comme promis, à part la tête, il était entier, assis en lotus, les cuisses écartées, les mains posées sur les genoux. Sa peau avait pris une belle teinte mordorée et la cuisson l'avait à peine dégradé, quelques craquelures et c'était tout ! Il était charnu, avec de superbes cuisses, des bras bien formés et des épaules aguichantes mais son aspect juvénile ne laissait planer aucun doute : c'était bien un ado qui trônait sur la table !

Le Chef ouvrit le ventre du porcelet. Une farce odorante encore fumante en sortit et vint se répandre dans le plat posé dessous. Le Chef récupéra le sexe, le cœur, les joues et la langue qui avaient mitonné dans la farce et les installa dans un petit plat séparé. Mr Ermodel commenta : « Comme le veut votre tradition, nous vous avons réservé ces morceaux choisis de notre porcelet pour votre petit déjeuner de demain mais je vous sens impatient de commencer à manger... Servez-vous ! ».

Sans attendre davantage, Mr Kromaso coupa une généreuse portion sur le dessus de la cuisse gauche de Gérard. Un serveur la plaça dans une assiette, en l'accompagnant de farce. Mr Ermodel fit de même et ils rejoignirent leur table. Mr Kromaso coupa une tranche, compléta d'un peu de farce et porta le tout à sa bouche. Il mâcha lentement, laissant le sucré/salé/épicé de la farce se mélanger dans sa bouche au gout subtil de la viande.

- Ce porcelet est succulent ! Je dois admettre que mes propres chefs n'ont jamais fait mieux. A dire vrai, les conditions sanitaires de mon territoire restreint fortement le stock de porcelets aptes à me satisfaire. Ah ! Si vous étiez à même de m'en fournir d'autres comme celui-là.
- Venant de ce lycée, c'est impossible car cela deviendrait suspect si d'autres élèves disparaissaient mais ma société est implantée mondialement et il sera sans doute possible de satisfaire vos appétits sans augmenter sensiblement la quantité normale d'adolescents disparaissant chaque année. Je suppose que vos besoins annuels restent limités ?
- Pour mon besoin personnel, oui, mais si l'offre peut suivre, je pense qu'il y a une demande de quelques dizaines par an... Nos élites politiques en sont friandes car cela rehausse leur statut.
- Il y a matière à un fructueux échange bi-latérale entre nous : de l'ivoire et des diamants échangés contre de la viande fraiche de qualité, ce qui ne fera que renforcer nos liens commerciaux.
- Dans ce cas, Mr Ermodel, je pense que nous pouvons nous attendre à une association commerciale longue et fructueuse.

Ce disant, Mr Kromaso avala une autre portion du tendre et succulent porcelet…

Le devoir de math de Gérard ne fut jamais terminé…