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Rhardodric — Metal (Love)
#drabble #français #prose #100themeschallenge
Published: 2015-11-12 05:07:33 +0000 UTC; Views: 105; Favourites: 0; Downloads: 0
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Description Il paraît qu'il y a des gens qui plient du métal à la force des bras, dans la rue, et qu'on leur jette des pièces pour ça. Moi je vient de faire ça, mais avec mon crâne contre une benne à ordures. Voilà ce que j'ai le temps de constater dans les cinq secondes que je prends pour me relever après m'être fait balancer à travers la place, avant qu'une botte ferrée s'écrase entre mes omoplates et m'enfonce dans la pisse autour de la poubelle, mon corps n'est plus qu'une écorchure d'un mètre-soixante. Je n'essaie pas de me relever, avec un peu de chance il va se lasser si je bouge plus. La côte qu'il me casse m'informe que j'ai tort. Il rit, et là il me laisse avec du sang partout, seule dans la rue, pendant qu'il va rejoindre sa bande. Le bruit des motos, les cris, les flammes et les cous de feu, tout cela est recouvert par leur rire, cet infâme rire qui fait trembler nos murs. Je soupire et j'attends la mort, qui ne devrait pas trop tarder, heureusement. J'ai jamais vraiment aimé ce coin, de toutes façon, et le sentiment, de ce que j'en sais, était réciproque. Je nettoyais les plaies, de temps en temps je sortais hors de nos murs faits à la hâte dans le désert pour chercher à manger, quand les pillards venaient, j'avais une boule de feu entre les mains, juste en dessous de la couche de sang. Métaphorique, la couche de sang. Pas que j'en ai grand chose à foutre remarquer. Y a un désert, des gens et des bestioles dedans, et trop peu de bouffe. Les gens de notre fort m'ont pas tiré dessus, donc je leur tire pas dessus, on s'arrange pour que ceux qui veulent nous tirer dessus rentrent pas et ça en reste là. Perso, ça m'va. Enfin ça m'allait. Maintenant y a une bande de bikers dingues qui sont entrés grâce à la magie des explosifs artisanaux et ils viennent pour notre viande, nos balles et notre fuel. On aurait pu négocier hein. Mais finalement, la baston. J'essaie de relativiser. C'est vrai que je vais crever lentement dans le coin déchet, mais, hey, au moins, j'peux toujours penser. C'est déjà ça. Mais en fait c'est chiant. J'ai que les sons de la bataille, j'vais finir par crever d'ennui. Je pousse sur mes coudes, et mon corps semble se rappeler que j'ai mal. Oh attendez, j'ai pas mal, j'douille ma race, putain. C'est vrai que le sable c'est pas agréable sur les plaies, en fait. Je me mordrais les lèvres si ça risquait pas d'être encore plus douloureux. Au final, mes efforts payent, je suis dos à la poubelle juste à temps pour voir la tête de celui qui me servait d'interne se faire ouvrir en deux par un coup de masse (du type de celles qu'on utilise plutôt sur les murs). J'ai envie d'applaudir mais je me rappelle que 1. le mot « sarcasme » n'appartient pas au vocabulaire de tout le monde, 2. mes mains ne sont pas en état pour ce genre de conneries et 3. j'ai pas spécialement envie qu'on se rappelle de mon existence, là, maintenant, tout de suite.
Et maintenant que j'y pense, je me rappelle de l'existence de quelqu'un. Quelqu'un qui se jette à la gorge d'un type avec un iroquois rose et la lui arrache, faisant jaillir le sang qui se répand sur les yeux de ses frères, laissant le temps à un bras velu de cueillir leur chef sous le menton, lui tranchant le cou d'une seul de ces longues griffes. La masse de muscles et de poils bruns pousse un rugissement, une hache s'est plantée dans son dos et mon cœur se serre, mais il se retourne et projette le coupable à travers la place d'un coup d'une puissance terrifiante. Mes compagnons d'infortune semblent retrouver du courage à la vue de ce carnage, et ils quittent leurs cachettes en hurlant, brandissant leurs armes et poussant un cri de guerre. Les pillards tentent de se jeter vers leurs bécanes, mais ils sont coupés dans leurs fuite, par des arguments relativement tranchants.
Je sourit. Ma créature titube vers moi, il me ramasse avec une délicatesse infiniment plus grande que celle qu'on pourrait attendre d'un immense ours recouvert de flammes. Il me sert contre lui. Il est chaud. Il est doux. Je le serre fort, et me force à me concentrer. Après tout, peut être que ça vaut le coup que je m'en serve, de mes sorts de soin.
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