HOME | DD

Description

Fiche personnage pour

T'ES PLUS LA SEULE A AVOIR UN PERSO BITCH

L E S P A R E N T S
Parce que SI c'est important

Les histoires de famille

Delvis n'a jamais été un nom très respecté, mais restait assez courant à ses premières générations. Lorsque l'on vivait dans la classe moyenne de la population, il n'était pas rare d'avoir un Delvis comme voisin ou comme artisan. Malheureusement le nom s'est perdu au fil du temps, ayant trop peu de mâle dans sa généalogie pour le faire durer - sans compter sur le caractère de tête brûlé que leurs ancêtres leurs léguait, qui ne leur garantissait pas une très longue durée de vie.

Le dernier Delvis connu est Samuel, un inquisiteur qui s'était fait un nom en devenant une pointure en à peine trois ans. C'était un colosse utilisant la force brute, téméraire et indiscipliné, réputé pour ne jamais demander combien étaient les ennemis mais seulement où ils se trouvaient. Sans jamais pour autant avoir réussi à gravir les échelons, il était devenu un modèle pour énormément de rookies, et était cité comme exemple dans de nombreuses situations. Seulement comme souvent, la légende surpassait la réalité, et si la force de Samuel n'était pas exagérée ce n'était pas le cas de son talent au combat. Il n'était bon qu'à frapper, sans jamais viser les points essentiels ou utiliser quoi que ce soit de stratégique. Sa force lui suffisait et s'il avait été capable d'écouter les ordres, il aurait même pu devenir indispensable. Sa confiance en lui le mena au même destin tragique que beaucoup de ses ancêtres, tout aussi arrogants que lui. À 25 ans, l'inquisiteur Delvis revint de mission les pieds devants.

On savait qu'il avait un fils né à peine trois mois avant sa mort. Les inquisiteurs ont pris en charge les frais de son éducations en versant une pension à la veuve de Delvis, assurant au garçon un avenir respectable et brillant pour peu que l'enfant soit travailleur et déterminé. Ce fils était le dernier Delvis mâle de sa génération.

La veuve

Diamond est la cadette d'une famille tellement pauvre que le seul plaisir dans la vie de son père avait été d'engrosser sa femme jusqu'à épuisement. Elle aurait tout donné pour vivre dans de meilleurs conditions et quitter la maison de son père, seulement comme ce dernier aimait le répéter, elle n'avait rien de ce qu'un homme souhaitait. Il n'avait pas de dote à donner à qui voudrait bien le débarrasser de sa fille, elle était la dernière sur son testament, et malgré ses 17 ans lors de son mariage, elle n'avait pas encore saigné, ce qui laissait entendre qu'elle n'aurait aucune descendance à offrir. Elle eu toutefois la chance de croiser la route d'un homme assez fou amoureux d'elle pour l'épouser malgré tout.

Sa grossesse fut un véritable miracle, et ce miracle fut extrêmement douloureux. Tous les médecins s'accordaient à dire qu'elle ne se terminerait pas bien. Peut-être pour compenser les malheurs qui allaient suivre, tout se termina bien malgré les prognostiques, et le couple Delvis eu même la surprise de voir deux noms ajoutés à leur arbre généalogique au lieu d'un seul. Diala et Damon, une fille et le sacro-saint fils dont tous les pères rêvent. Samuel choisit leur noms, inventant de toute pièce celui de sa fille pour coller à son idée folle de rendre hommage au prénom de sa femme, qu'il trouvait aussi magnifique qu'elle.

À la mort de Samuel, en plus de devoir vivre avec l'idée qu'elle ne trouverait plus jamais d'homme l'aimant autant que lui (ni qui voudrait d'elle, une autre grosesse lui étant devenue définitivement stérile lors des complications de sa première) Diamond dû encaisser un coup qu'elle n'avait pas vu venir. Veiller à l'avenir du fils de l'inquisiteur Delvis était un plaisir pour ses anciens employeurs, mais aucun d'eux ne jugea qu'il était nécessaire de débourser quoi que ce soit pour Diala. Après tout, tout ce qu'on pouvait lui souhaiter était de faire un bon mariage, et il y aurait forcément un homme qui aurait plaisir à épouser la fille d'une légende comme l'était Samuel.

C'est sur ces bases que l'éducation de ses enfants commença, avec pour seul atout le nom d'un père mort, une pension trop faible pour élever deux enfants, et une mère profondément touchée par le décès de son mari qui devait tout gérer seule.

D A M O N D E L V I S
l'apprentit

Grosso modo

Les sourires franc de Damon sont très rares, et lorsqu'ils étirent son visage il en a tellement honte que ses joues prennent systématiquement une teinte rouge cramoisie. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours été la tête dans des livres. Forcé de suivre les mêmes études que son père, il a choisi de changer de voie relativement tôt, préférant la connaissance au combat, mais n'a put quitter son cursus scolaire qu'à sa majorité, lorsqu'il était en âge de décider tout seul.

Depuis ses 16 ans, Damon gagne sa vie en rédigeant des copies de livres en tout genre. Il lui arrive aussi d'en réparer le cuir, de changer des pages, bref, de redonner une secondes vies aux vieux ouvrages sans avoir à les réécrire entièrement. En parallèle, il se bat pour atteindre le château et entamer ses études d'érudit de la fin qui lui tiennent tant à cœur. En effet, il veut trouver un moyen de ramener un mort à la vie. Pas sous forme de goule, de vampire, ou il ne sait quoi encore. Non, la Vraie-vie, celle qui permet de vieillir, d'engendrer, de vivre normalement. Savoir que bien d'autres ont cherché avant lui ne le décourage pas le moins du monde. Il a assez foi en lui et est assez arrogant pour penser que lui saura trouver comment faire.

Car ce qui caractérise le plus Damon, c'est son arrogance. Il ne se prend pas pour le plus intelligent, il sais qu'il l'est, et si ses sourires crispés s'imposent lorsque quelqu'un de gradé se présente devant lui - le respect de la hiérarchie est ce qui permet à tout empire de bien tourner - il ne penses pas moins qu'un jour c'est lui qui donnera les ordres, et que cette obligation de faire des courbettes à tout va n'est que temporaire. Lorsqu'on lui prouve qu'il est encore bien jeune et que ce n'est pas du haut de ses 19 ans qu'il peut prétendre tout connaître, on peut être sûr d'être ajouté à sa liste noire.

Damon a deux cordes sensibles. Son père, à qu'il ne ressemble pas - ce que toutes les personnes le connaissant ne manquent jamais de lui faire remarquer - et son ignorance sur un point que beaucoup d'hommes trouvent très important : la bagatelle. Là où un garçon a déjà brisé des cœurs depuis ses 14 ans, lui n'a jamais ne serais-ce que flirté avec une demoiselle, et son assurance part en fumée dès que l'une d'elle est trop proche ou lui parle directement. Heureusement, ce ne sont pas des choses qui se savent facilement, alors les railleries à ce sujet son rares.

Enfance

Toujours le centre de l'attention, Damon a eu l'habitude d'être adulé par sa mère et sa sœur - ce qui a peut-être contribué à le rendre un peu trop sûr de lui... Dehors, en revanche, on le critiquait souvent en le comparant à son défunt père. Tous ses professeurs semblaient l'avoir connu et aucun d'eux ne le trouvait à la hauteur de ce respectable inquisiteur. Il était petit, gringalet, et avait du mal à tenir l'épée en bois avec laquelle les garçons de son âge s'entraînaient. Etant toutefois travailleur et assez acharné comme garçon, il réussi à tenir le niveau sans se faire renvoyer du cursus. Un renvoi aurait sûrement tué sa mère, elle le lui disait assez, et il ne voulait pas qu'elle ne soit plus là. Un papa mort, c'était bien suffisant.

Il revenait assez souvent de ses cours avec des bandages et des plaies. Si au début sa mère cru qu'il était persécuté par d'autres garçons de ses cours, elle se rendit vite compte que la raison était toute autre. Sa fille, Diala, jouait au pot de colle et suivait son frère partout, lui attirant systématiquement des ennuis à cause de ses gaffes et son impotence. Pourtant ça ne dérangeait pas Damon. Il aimait bien sa sœur, adorait le regard plein d'admiration avec lequel elle le regardait, et prendre des coups à sa place lui semblait tout à fait normal. Après tout, c'était lui l'homme de la maison, c'était à lui de protéger sa mère et sa sœur.

Convalescence

Les jumeaux avaient dix ans lorsque Diala tomba subitement malade. Fini les fugues par la fenêtre pour rejoindre Damon, les pitreries dans les rues, les cris et les rires. Elle ne pouvait plus quitter son lit, et les médecins disaient même que son état était incurable. Damon ne mis pas longtemps à trouver ce que ce mot voulait dire, et lorsqu'il compris que plus jamais son petit pot de colle ne lui sauterait dessus pour savoir quelles grandes choses il avait fait aujourd'hui, il ne l'accepta pas.

Les livres qu'il lisait ne parlait plus que de plantes, de mana, de guérison miracle, de religion, de tout ce qui touchait de prêt ou de loin aux maladies et aux moyens de les soigner. Si ces idiots de médecins ne savaient pas comment guérir Diala, lui allait le faire. Les rôles avaient changés, ce n'était plus la jeune fille le pot de colle, mais Damon : il ne quittait presque plus sa chambre. Ne plus pouvoir bouger, elle qui avait tant d'énergie avant, devait être un enfer pour elle, et son frère s'était fait un devoir de l'occuper et de rendre ses journées agréables. Il essaya même de lui apprendre à lire, lui qui avait pourtant dit lorsqu'ils étaient plus jeune que ça ne lui servirait jamais à rien. Quelque part, ces années passées ensemble furent les meilleures, celles qui lièrent les jumeaux comme s'ils étaient incapable de vivre l'un sans l'autre.

Si seulement Damon s'était rendu compte que Diala n'était pas la seule malade de la maison...

Les seize printemps

Les anniversaires étaient le jour de l'année que Damon aimait le moins, et celui de ses seize ans ne dérogea pas à la règle. Pire, il le redoutait. Au fond de lui, il avait peur. Sa décision était prise, rien n'y changerait, mais il ne savait pas comment sa famille allait réagir, et la réaction de sa mère était ce qui l'empêchait de dormir depuis plusieurs nuits. Il avait 16 ans. Il était majeur. Il pouvait officiellement quitter le cursus scolaire qu'on lui imposait depuis sa naissance pour se consacrer uniquement à la recherche. Il allait passer ses jours et ses nuits à chercher comment soigner sa sœur, quoi qu'en dise ses professeurs et Diamond. Il y aurait peut-être réfléchi à deux fois si le mot qu'il redoutait tant depuis des années n'avait pas été prononcé lors de la dernière visite du médecin. Mortelle. La maladie de Diala était devenue mortelle. Ce médecin de pacotille avait même dit qu'il ne comprenait pas pourquoi Diala n'était pas encore passé de l'autre coté.

Ce jour là, tout se passa comme tous leurs anniversaires. Sa mère avait le sourire - ce qui était assez rare quand on y repensait - Diala aussi, les petits plats étaient dans les grands, et les cadeaux attendaient sagement d'être déballé. Chez eux, il était coutume que Diamond n'offre rien à ses enfants : elle les aidait à offrir un cadeau à l'autre, que ce soit avec de l'argent ou son temps, ce qui leur permettait de s'offrir chaque année un beau cadeau. Cette fois là, Damon avait visé très haut. En plus de l'argent demandé à sa mère, il en avait mis de coté pour pouvoir acheter un bijoux à Diala. Après tout, elle aussi fêtait sa majorité, elle était en âge de se marier, et toute dame se devait d'avoir un bijoux à sa mesure. Lorsqu'elle le déballa, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. On aurait presque dit qu'elle n'était plus malade tant son visage était radieux. Qui aurait pu croire qu'un petit bracelet pouvait faire cet effet là ?

Le cadeau de Diala, lui, réussi à rendre Damon bouche bée. Depuis longtemps, il se plaignait de ne pas avoir de besace pour ranger ses affaires, alors connaissant sa sœur et sa mère il avait vu venir le cadeau qu'on allait lui offrir cette année gros comme une maison. D'ailleurs, la forme du paquet ne laissait aucun doute, la besace tant réclamée était à lui. Pourtant, ça, il ne l'avait pas vu venir. Des fils pendait un peu partout, la lanière n'était pas du même cuir que la besace, et la fermeture représentait grossièrement le blason de leur famille : c'était une horreur. Diala l'avait fait elle-même. Avec tout le temps qu'il passait avec elle, elle avait réussi à lui coudre ce cadeau sans qu'il n'ai jamais vu l'ombre d'un fil et d'une aiguille. Il en fut presque vexé de ne pas avoir deviné ce qu'elle préparait. Avec un rire qu'il ne laissait pas souvent sortir, il rangea ses affaires dans l'horreur qui lui servait de sac à présent, beaucoup plus heureux que si le cadeau avait été bêtement acheté.

Il était tellement content qu'il fut à deux doigts d'oublier de parler de sa résolution.

C'est à ce moment là qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas avec sa mère, lorsqu'il termina d'expliquer ses résolutions. Le regard terrifié de Diamond à l'annonce de son changement de voie n'avait rien de normal. La voix tremblante avec laquelle elle le supplia de revoir sa décision était angoissante. Les mains tremblantes qui déchiraient nerveusement le papier dans lequel les cadeaux avaient étés emballés avait quelque chose de... malsain. Damon avait lu assez de livres pour que ce qu'il avait éludé tant d'années finisse par lui sauter aux yeux : Diamond était malade. Mentalement, malade.

Naïvement, le jeune homme pensa que rester à la maison était vraiment la meilleure idée qu'il ait eu. Il allait pouvoir se concentrer sur ses recherches et aider sa mère à soigner ce qu'il pensait être une dépression. En s'endormant ce soir là, il pensait réellement que tout allait aller mieux...

La fin

C'était la nuit de son seizième anniversaire. La maison était silencieuse depuis plusieurs heures lorsque tout bascula. Damon s'était encore endormi sur le fauteuil depuis lequel il veillait sur sa soeur, juste à coté du lit de cette dernière. La respiration lente, les sourcils froncés, il revivait en rêve la journée qu'il venait de passer, ses souvenirs voilés d'un brouillard angoissant dont il ne comprenait pas l'existence. Diamond avait enfin trouvé le sommeil après avoir bu une tisane corsée, infusée dans le but de l'aider à s'endormir. Une part d'elle, peut-être la mère qu'elle aurait été si la vie l'avait épargnée, l'avait suppliée d'aller chercher des secours avant qu'il ne soit trop tard, lui répétant que sa fille ne méritait pas ça, qu'il était encore possible de faire machine arrière. La tisane l'avait aidée à faire taire cette stupide voix et le sourire qui ornait ses lèvres laissait entendre qu'elle dormait du sommeil du juste.C'était la nuit de son seizième anniversaire. La maison était silencieuse depuis plusieurs heures lorsque Diala tomba de son lit. Des spasmes l'en avaient éjectée avant que la douleur ne la réveille. Couchée sur le bois du sol taché de son propre sang, elle eut besoin de quelques secondes pour se rendre compte de ce qui lui arrivait, étourdie par l’adrénaline. Sa main n'eut qu'à effleurer ses lèvres pour trouver d'où le sang provenait. Elle avait mal partout, ses jambes refusaient de bouger, et chaque fois qu'elle essayait de crier pour appeler à l'aide, rien ne sortait à part un autre flot de sang. Terrorisée, elle essaya de ramper jusqu'au fauteuil de Damon. Lui il pourrait l'aider, ils pourrait arrêter la douleur, la remettre dans son lit, et tout ça ne serait plus qu'un mauvais souvenir, mais arrivée à ses pieds, elle n'eut plus la force de lever la main pour lui attraper ne serais-ce que la cheville."S'il vous plait, j'ai peur... Damon réveille-toi je t'en prie... n'importe qui, aidez-moi" Des suppliques se bousculaient dans sa tête sans qu'elle ne parvienne à en prononcer une seule. Lorsque sa vue se brouilla sans que les larmes y soient pour quoi que ce soit, elle fini par assimiler ce qu'elle refusait d'admettre depuis ce douloureux réveille. Elle allait mourir. Cette fatalité dont tous les médecins avaient parlés était arrivée. Tout à coup, ses pensées fusèrent à une telle vitesse que même elle n'arrivait plus à en comprendre le sens. Elle aurait voulu pouvoir hurler qu'elle ne voulait pas mourir, qu'elle ferait ce qu'on voudrait si on lui laissait encore du temps, que ce n'était pas juste, que Damon avait promis, il avait juré qu'il trouverait comment la soigner, alors... alors... pitié. Tendue devant elle alors que ses yeux n'étaient plus capable que de distinguer des formes, la main de Diala trouva enfin le tissu du pantalon de son frère. Elle n'eut le temps de se fermer sur lui qu'une seconde avant de tomber au sol. Les yeux de Diala se fermèrent au moment où ceux de Damon s'ouvrirent, réveillé par la fin brutale de son rêve.

Le cauchemar

"JE NE VEUX PAS MOURIR", c'était sur ce cri effroyable que Damon s'était réveillé. Il ne savait pas quelle personne dans son rêve l'avait prononcé, mais le désespoir et la colère qui sortait de ces mots avaient réussi à rendre ses yeux humides alors qu'il dormait encore. Encore chamboulé par ce rêve bizarre et déroutant, le jeune homme passa sa main sur son visage en soupirant. Il espérait ne pas avoir crié, Diala avait du mal à dormir, et il s'en serait voulu de l'avoir réveillée, jusqu'à ce qu'il sente son pied butter contre quelque chose.

Il cru d'abord que son rêve n'était pas terminé. Pourtant, l'odeur du sang qui s'élevait dans la pièce était bien réelle, et le corps qui gisait à ses pieds l'était tout autant. Il eut beau retourner le corps, éclairer la pièce, et fixer les traits du visage qui se trouvait devant lui, il n'arrivait pas à comprendre. C'était comme si une barrière refusait l'entrée à l'information, qui elle essayait de toute ses forces d'arriver à son cerveau.

C'était Diala.

Une décharge électrique ne devait pas faire aussi mal que ce qu'il ressentit lorsqu'il réalisa. Il l'appela, lui fit massage cardiaque, bouche à bouche, tout ce qu'il avait appris pour empêcher un cœur de s'arrêter, sans accepter le fait que ce dernier ne battait plus du tout. Ses cris réussirent à réveiller Diamond qui se précipita dans la chambre, mais aucun d'eux ne réussi à faire quoi que ce soit. Ils avaient perdu. Diala était morte.

Damon avait tant pleuré qu'il en avait les lèvres sèches. C'est Diamond qui se chargea de remettre le corps de Diala dans une position convenable, sur son lit, et qui força le garçon à reprendre ses esprits, à se calmer, en lui donnant la même tisane que celle qu'elle avait pris le soir-même. Le théâtre de la mort de Diala était à présent fermé jusqu'à ce que le jour se lève et que l'un d'eux puisse aller prévenir un médecin. Il ne servait à rien de rester près du corps, plus personne ne pouvait rien pour elle. Maintenant il fallait respecter les rites de leur continent et veiller à ce qu'elle rejoigne l'autre monde en toute sérénité.

La vérité

Il allait boire la tisane de sa mère, le cœur en miettes, lorsqu'il vit le sourire sur les lèvres de cette dernière. Le reste n'est qu'images se succédant dans sa mémoire. Diamond avait avoué. Elle avait fait tout ça pour lui, pour qu'il n'ait pas cette épine dans le pied, pour qu'ils puissent vivre convenablement, pour qu'il ait l'avenir radieux qu'on lui avait promis, parce que rien de tout ça ne serait possible si elle était là. Depuis leurs dix ans, leur mère empoisonnait lentement sa fille avec des pétales nocifs de Rette, une plante connue pour faire passer le mal de tête mais mortel si on utilisait les plus petits de ses pétales. Elle avait craché sur sa décision de l'empoisonner lentement et avait donné une dose capable de tuer dix personnes le soir-même, pour empêcher son fils de "foutre sa vie en l'air", comme elle le hurla si bien. Elle répétait qu'il ne fallait pas le dire, que Diala était morte de maladie, sinon elle aussi allait mourir, pendue pour meurtre, et il fallait qu'elle reste auprès de lui, qu'elle veille sur lui, qu'elle prenne soin de lui...

Damon, lui, n'arrivait plus à penser qu'à une chose. C'était de sa faute. Il n'avait rien vu alors que tout était là, devant son nez. Il aurait suffit qu'il regarde sa mère, qu'il prenne conscience du mal qui la rongeait, et il aurait pu tout arrêter, tout empêcher. Lorsqu'il se leva pour quitter la maison, une envie de vomir atroce lui prenant le ventre, on aurait dit un ivrogne. Il titubait, chancelait, et fini par dégobiller derrière la maison, le teint plus pâle que celui d'un vampire. S'il avait encore pu le faire, il aurait pleuré. Il hésita à retourner chez lui. S'il croisait de nouveau le regard fou de sa mère, il avait peur de ce que la douleur lui ferait faire...

Lorsqu'il entra dans la pièce à vivre de leur maison, décidé à emporter le corps de sa sœur dans un lieu sûr, loin de son assassin, il pensait que le cauchemar était fini. Sa soeur morte, sa mère assassin, lui devant livrer le corps et le coupable dès les premières heures du jour le lendemain, qu'est-ce qui aurait pu arriver de pire ?

Ce fut comme si la vie, en garce, lui répondait. Que pouvait-il arriver de pire ? Eh bien, sa précieuse sœur, dévorant leur assassin de mère.

Le pacte et la promesse

Diala Delvis, la jeune fille dont la gentillesse et la candeur faisait la réputation, avait absorbé jusqu'à l'âme même de la femme qui lui avait donné la vie. Le regard vide, les vêtements encore tachés du sang qu'elle avait craché en mourant, elle s'était relevée, et la façon dont elle venait de se nourrir ne pouvait signifier qu'une chose. C'était une voleuse d'âme. Damon avait lu assez de choses sur les morts pour le savoir, il n'y avait qu'eux pour pouvoir faire disparaître un corps en cette fine poudre bleue qui tombait sur le sol. Il ne savait pas encore comment, il ne savait pas encore pourquoi -bon sang n'y avait-il pas que les mages qui pouvaient se relever en tant que tel ?! - mais elle était là, debout, devant lui. Relevée.

Il suffit d'un pas vers lui pour qu'une lueur d'espoir arrive à sortir de l'horreur de cette situation. Plus de regard vide, plus de respiration lente, Diala était elle-même, en dénie le plus total. La fin était un souvenir qu'elle reniait de toute ses forces, au point qu'il était impossible pour qui que ce soit de lui faire accepter sa propre mort. Damon ne réussi pas une seule fois à le lui faire comprendre malgré ses innombrables tentatives. Il n'eut pas la force de lui dire, lorsqu'elle demanda où était leur mère, ce qu'elle lui avait fait. Il était le seul à savoir. Pour les voisins, Diamond Delvis avait fuit à la majorité de ses enfants, et ces deux derniers vivaient ensemble à présent. En tant que liche, Diala n'avait pas besoin de se forcer à changer la température de son corps ou à se cacher, elle pouvait sortir sans se faire repérer : personne ne pouvait deviner ce qu'elle était réellement. Pour les autres comme pour elle-même, elle était guérie et plus en forme que jamais. Malheureusement, elle avait besoin de se nourrir, et les black-out où elle chassait devinrent un problème lorsque les disparitions furent trop nombreuses. On commençait à avoir peur dans les rues, et le mot "goule" fut prononcé plusieurs fois.

Afin d'empêcher sa soeur de se nourrir, Damon eu recours à une magie à laquelle sa soif de connaissance lui avait donné accès. Un mort pouvait être lié à un vivant et se nourrir de son mana sans avoir à prendre celui des autres. C'est ce qu'il fit avec sa soeur. Pour la convaincre, il lui dit que ce rituel était un sort pour leur permettre de rester ensemble pour toujours - ce qui était un peu vrai, au fond - et en bonne naïve, elle accepta sans protestations. Pour que le pacte fonctionne, il fallait une promesse, quelque chose que Diala devait faire sans quoi le pacte serait rompu. Ne sachant pas combien de temps son projet de la ramener définitivement à la vie allait prendre, Damon décida d'assurer leurs arrières. Quoi qu'il arrive, elle ne devrait jamais dire à qui que ce soit quel lien de parenté les liait tous les deux. S'il vieillissait et pas elle, ils ne pourraient plus très longtemps être des jumeaux aux yeux des autres, raison pour laquelle elle devait toujours acquiescer lorsque Damon la présenterait, même s'il mentait. S'ils disait qu'ils étaient jumeaux, elle devait dire oui. S'il disait qu'elle était sa petite soeur, elle devait dire oui. Et si dans le pire des cas, il devait dire qu'elle était sa fille, elle devait dire oui.

Diala étant une très faible liche dont on ignorait même le pouvoir, elle ne demandait pas plus de mana que Damon pouvait lui en fournir. Il se nourrissait de plantes, achetait de quoi se maintenir à niveau, afin de toujours avoir de quoi maintenir le corps de sa soeur en bon état sans qu'elle n'ait à se nourrir toute seule, tant et si bien qu'aujourd'hui, trois ans plus tard, leur petite combine tiens toujours.

------------------------------------

Maintenant je peux mourir en paix

Description

Fiche personnage pour

T'ES PLUS LA SEULE A AVOIR UN PERSO BITCH

L E S P A R E N T S
Parce que SI c'est important

Les histoires de famille

Delvis n'a jamais été un nom très respecté, mais restait assez courant à ses premières générations. Lorsque l'on vivait dans la classe moyenne de la population, il n'était pas rare d'avoir un Delvis comme voisin ou comme artisan. Malheureusement le nom s'est perdu au fil du temps, ayant trop peu de mâle dans sa généalogie pour le faire durer - sans compter sur le caractère de tête brûlé que leurs ancêtres leurs léguait, qui ne leur garantissait pas une très longue durée de vie.

Le dernier Delvis connu est Samuel, un inquisiteur qui s'était fait un nom en devenant une pointure en à peine trois ans. C'était un colosse utilisant la force brute, téméraire et indiscipliné, réputé pour ne jamais demander combien étaient les ennemis mais seulement où ils se trouvaient. Sans jamais pour autant avoir réussi à gravir les échelons, il était devenu un modèle pour énormément de rookies, et était cité comme exemple dans de nombreuses situations. Seulement comme souvent, la légende surpassait la réalité, et si la force de Samuel n'était pas exagérée ce n'était pas le cas de son talent au combat. Il n'était bon qu'à frapper, sans jamais viser les points essentiels ou utiliser quoi que ce soit de stratégique. Sa force lui suffisait et s'il avait été capable d'écouter les ordres, il aurait même pu devenir indispensable. Sa confiance en lui le mena au même destin tragique que beaucoup de ses ancêtres, tout aussi arrogants que lui. À 25 ans, l'inquisiteur Delvis revint de mission les pieds devants.

On savait qu'il avait un fils né à peine trois mois avant sa mort. Les inquisiteurs ont pris en charge les frais de son éducations en versant une pension à la veuve de Delvis, assurant au garçon un avenir respectable et brillant pour peu que l'enfant soit travailleur et déterminé. Ce fils était le dernier Delvis mâle de sa génération.

La veuve

Diamond est la cadette d'une famille tellement pauvre que le seul plaisir dans la vie de son père avait été d'engrosser sa femme jusqu'à épuisement. Elle aurait tout donné pour vivre dans de meilleurs conditions et quitter la maison de son père, seulement comme ce dernier aimait le répéter, elle n'avait rien de ce qu'un homme souhaitait. Il n'avait pas de dote à donner à qui voudrait bien le débarrasser de sa fille, elle était la dernière sur son testament, et malgré ses 17 ans lors de son mariage, elle n'avait pas encore saigné, ce qui laissait entendre qu'elle n'aurait aucune descendance à offrir. Elle eu toutefois la chance de croiser la route d'un homme assez fou amoureux d'elle pour l'épouser malgré tout.

Sa grossesse fut un véritable miracle, et ce miracle fut extrêmement douloureux. Tous les médecins s'accordaient à dire qu'elle ne se terminerait pas bien. Peut-être pour compenser les malheurs qui allaient suivre, tout se termina bien malgré les prognostiques, et le couple Delvis eu même la surprise de voir deux noms ajoutés à leur arbre généalogique au lieu d'un seul. Diala et Damon, une fille et le sacro-saint fils dont tous les pères rêvent. Samuel choisit leur noms, inventant de toute pièce celui de sa fille pour coller à son idée folle de rendre hommage au prénom de sa femme, qu'il trouvait aussi magnifique qu'elle.

À la mort de Samuel, en plus de devoir vivre avec l'idée qu'elle ne trouverait plus jamais d'homme l'aimant autant que lui (ni qui voudrait d'elle, une autre grosesse lui étant devenue définitivement stérile lors des complications de sa première) Diamond dû encaisser un coup qu'elle n'avait pas vu venir. Veiller à l'avenir du fils de l'inquisiteur Delvis était un plaisir pour ses anciens employeurs, mais aucun d'eux ne jugea qu'il était nécessaire de débourser quoi que ce soit pour Diala. Après tout, tout ce qu'on pouvait lui souhaiter était de faire un bon mariage, et il y aurait forcément un homme qui aurait plaisir à épouser la fille d'une légende comme l'était Samuel.

C'est sur ces bases que l'éducation de ses enfants commença, avec pour seul atout le nom d'un père mort, une pension trop faible pour élever deux enfants, et une mère profondément touchée par le décès de son mari qui devait tout gérer seule.

D A M O N D E L V I S
l'apprentit

Grosso modo

Les sourires franc de Damon sont très rares, et lorsqu'ils étirent son visage il en a tellement honte que ses joues prennent systématiquement une teinte rouge cramoisie. D'aussi loin qu'il s'en souvienne, il a toujours été la tête dans des livres. Forcé de suivre les mêmes études que son père, il a choisi de changer de voie relativement tôt, préférant la connaissance au combat, mais n'a put quitter son cursus scolaire qu'à sa majorité, lorsqu'il était en âge de décider tout seul.

Depuis ses 16 ans, Damon gagne sa vie en rédigeant des copies de livres en tout genre. Il lui arrive aussi d'en réparer le cuir, de changer des pages, bref, de redonner une secondes vies aux vieux ouvrages sans avoir à les réécrire entièrement. En parallèle, il se bat pour atteindre le château et entamer ses études d'érudit de la fin qui lui tiennent tant à cœur. En effet, il veut trouver un moyen de ramener un mort à la vie. Pas sous forme de goule, de vampire, ou il ne sait quoi encore. Non, la Vraie-vie, celle qui permet de vieillir, d'engendrer, de vivre normalement. Savoir que bien d'autres ont cherché avant lui ne le décourage pas le moins du monde. Il a assez foi en lui et est assez arrogant pour penser que lui saura trouver comment faire.

Car ce qui caractérise le plus Damon, c'est son arrogance. Il ne se prend pas pour le plus intelligent, il sais qu'il l'est, et si ses sourires crispés s'imposent lorsque quelqu'un de gradé se présente devant lui - le respect de la hiérarchie est ce qui permet à tout empire de bien tourner - il ne penses pas moins qu'un jour c'est lui qui donnera les ordres, et que cette obligation de faire des courbettes à tout va n'est que temporaire. Lorsqu'on lui prouve qu'il est encore bien jeune et que ce n'est pas du haut de ses 19 ans qu'il peut prétendre tout connaître, on peut être sûr d'être ajouté à sa liste noire.

Damon a deux cordes sensibles. Son père, à qu'il ne ressemble pas - ce que toutes les personnes le connaissant ne manquent jamais de lui faire remarquer - et son ignorance sur un point que beaucoup d'hommes trouvent très important : la bagatelle. Là où un garçon a déjà brisé des cœurs depuis ses 14 ans, lui n'a jamais ne serais-ce que flirté avec une demoiselle, et son assurance part en fumée dès que l'une d'elle est trop proche ou lui parle directement. Heureusement, ce ne sont pas des choses qui se savent facilement, alors les railleries à ce sujet son rares.

Enfance

Toujours le centre de l'attention, Damon a eu l'habitude d'être adulé par sa mère et sa sœur - ce qui a peut-être contribué à le rendre un peu trop sûr de lui... Dehors, en revanche, on le critiquait souvent en le comparant à son défunt père. Tous ses professeurs semblaient l'avoir connu et aucun d'eux ne le trouvait à la hauteur de ce respectable inquisiteur. Il était petit, gringalet, et avait du mal à tenir l'épée en bois avec laquelle les garçons de son âge s'entraînaient. Etant toutefois travailleur et assez acharné comme garçon, il réussi à tenir le niveau sans se faire renvoyer du cursus. Un renvoi aurait sûrement tué sa mère, elle le lui disait assez, et il ne voulait pas qu'elle ne soit plus là. Un papa mort, c'était bien suffisant.

Il revenait assez souvent de ses cours avec des bandages et des plaies. Si au début sa mère cru qu'il était persécuté par d'autres garçons de ses cours, elle se rendit vite compte que la raison était toute autre. Sa fille, Diala, jouait au pot de colle et suivait son frère partout, lui attirant systématiquement des ennuis à cause de ses gaffes et son impotence. Pourtant ça ne dérangeait pas Damon. Il aimait bien sa sœur, adorait le regard plein d'admiration avec lequel elle le regardait, et prendre des coups à sa place lui semblait tout à fait normal. Après tout, c'était lui l'homme de la maison, c'était à lui de protéger sa mère et sa sœur.

Convalescence

Les jumeaux avaient dix ans lorsque Diala tomba subitement malade. Fini les fugues par la fenêtre pour rejoindre Damon, les pitreries dans les rues, les cris et les rires. Elle ne pouvait plus quitter son lit, et les médecins disaient même que son état était incurable. Damon ne mis pas longtemps à trouver ce que ce mot voulait dire, et lorsqu'il compris que plus jamais son petit pot de colle ne lui sauterait dessus pour savoir quelles grandes choses il avait fait aujourd'hui, il ne l'accepta pas.

Les livres qu'il lisait ne parlait plus que de plantes, de mana, de guérison miracle, de religion, de tout ce qui touchait de prêt ou de loin aux maladies et aux moyens de les soigner. Si ces idiots de médecins ne savaient pas comment guérir Diala, lui allait le faire. Les rôles avaient changés, ce n'était plus la jeune fille le pot de colle, mais Damon : il ne quittait presque plus sa chambre. Ne plus pouvoir bouger, elle qui avait tant d'énergie avant, devait être un enfer pour elle, et son frère s'était fait un devoir de l'occuper et de rendre ses journées agréables. Il essaya même de lui apprendre à lire, lui qui avait pourtant dit lorsqu'ils étaient plus jeune que ça ne lui servirait jamais à rien. Quelque part, ces années passées ensemble furent les meilleures, celles qui lièrent les jumeaux comme s'ils étaient incapable de vivre l'un sans l'autre.

Si seulement Damon s'était rendu compte que Diala n'était pas la seule malade de la maison...

Les seize printemps

Les anniversaires étaient le jour de l'année que Damon aimait le moins, et celui de ses seize ans ne dérogea pas à la règle. Pire, il le redoutait. Au fond de lui, il avait peur. Sa décision était prise, rien n'y changerait, mais il ne savait pas comment sa famille allait réagir, et la réaction de sa mère était ce qui l'empêchait de dormir depuis plusieurs nuits. Il avait 16 ans. Il était majeur. Il pouvait officiellement quitter le cursus scolaire qu'on lui imposait depuis sa naissance pour se consacrer uniquement à la recherche. Il allait passer ses jours et ses nuits à chercher comment soigner sa sœur, quoi qu'en dise ses professeurs et Diamond. Il y aurait peut-être réfléchi à deux fois si le mot qu'il redoutait tant depuis des années n'avait pas été prononcé lors de la dernière visite du médecin. Mortelle. La maladie de Diala était devenue mortelle. Ce médecin de pacotille avait même dit qu'il ne comprenait pas pourquoi Diala n'était pas encore passé de l'autre coté.

Ce jour là, tout se passa comme tous leurs anniversaires. Sa mère avait le sourire - ce qui était assez rare quand on y repensait - Diala aussi, les petits plats étaient dans les grands, et les cadeaux attendaient sagement d'être déballé. Chez eux, il était coutume que Diamond n'offre rien à ses enfants : elle les aidait à offrir un cadeau à l'autre, que ce soit avec de l'argent ou son temps, ce qui leur permettait de s'offrir chaque année un beau cadeau. Cette fois là, Damon avait visé très haut. En plus de l'argent demandé à sa mère, il en avait mis de coté pour pouvoir acheter un bijoux à Diala. Après tout, elle aussi fêtait sa majorité, elle était en âge de se marier, et toute dame se devait d'avoir un bijoux à sa mesure. Lorsqu'elle le déballa, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. On aurait presque dit qu'elle n'était plus malade tant son visage était radieux. Qui aurait pu croire qu'un petit bracelet pouvait faire cet effet là ?

Le cadeau de Diala, lui, réussi à rendre Damon bouche bée. Depuis longtemps, il se plaignait de ne pas avoir de besace pour ranger ses affaires, alors connaissant sa sœur et sa mère il avait vu venir le cadeau qu'on allait lui offrir cette année gros comme une maison. D'ailleurs, la forme du paquet ne laissait aucun doute, la besace tant réclamée était à lui. Pourtant, ça, il ne l'avait pas vu venir. Des fils pendait un peu partout, la lanière n'était pas du même cuir que la besace, et la fermeture représentait grossièrement le blason de leur famille : c'était une horreur. Diala l'avait fait elle-même. Avec tout le temps qu'il passait avec elle, elle avait réussi à lui coudre ce cadeau sans qu'il n'ai jamais vu l'ombre d'un fil et d'une aiguille. Il en fut presque vexé de ne pas avoir deviné ce qu'elle préparait. Avec un rire qu'il ne laissait pas souvent sortir, il rangea ses affaires dans l'horreur qui lui servait de sac à présent, beaucoup plus heureux que si le cadeau avait été bêtement acheté.

Il était tellement content qu'il fut à deux doigts d'oublier de parler de sa résolution.

C'est à ce moment là qu'il se rendit compte que quelque chose n'allait pas avec sa mère, lorsqu'il termina d'expliquer ses résolutions. Le regard terrifié de Diamond à l'annonce de son changement de voie n'avait rien de normal. La voix tremblante avec laquelle elle le supplia de revoir sa décision était angoissante. Les mains tremblantes qui déchiraient nerveusement le papier dans lequel les cadeaux avaient étés emballés avait quelque chose de... malsain. Damon avait lu assez de livres pour que ce qu'il avait éludé tant d'années finisse par lui sauter aux yeux : Diamond était malade. Mentalement, malade.

Naïvement, le jeune homme pensa que rester à la maison était vraiment la meilleure idée qu'il ait eu. Il allait pouvoir se concentrer sur ses recherches et aider sa mère à soigner ce qu'il pensait être une dépression. En s'endormant ce soir là, il pensait réellement que tout allait aller mieux...

La fin

C'était la nuit de son seizième anniversaire. La maison était silencieuse depuis plusieurs heures lorsque tout bascula. Damon s'était encore endormi sur le fauteuil depuis lequel il veillait sur sa soeur, juste à coté du lit de cette dernière. La respiration lente, les sourcils froncés, il revivait en rêve la journée qu'il venait de passer, ses souvenirs voilés d'un brouillard angoissant dont il ne comprenait pas l'existence. Diamond avait enfin trouvé le sommeil après avoir bu une tisane corsée, infusée dans le but de l'aider à s'endormir. Une part d'elle, peut-être la mère qu'elle aurait été si la vie l'avait épargnée, l'avait suppliée d'aller chercher des secours avant qu'il ne soit trop tard, lui répétant que sa fille ne méritait pas ça, qu'il était encore possible de faire machine arrière. La tisane l'avait aidée à faire taire cette stupide voix et le sourire qui ornait ses lèvres laissait entendre qu'elle dormait du sommeil du juste.C'était la nuit de son seizième anniversaire. La maison était silencieuse depuis plusieurs heures lorsque Diala tomba de son lit. Des spasmes l'en avaient éjectée avant que la douleur ne la réveille. Couchée sur le bois du sol taché de son propre sang, elle eut besoin de quelques secondes pour se rendre compte de ce qui lui arrivait, étourdie par l’adrénaline. Sa main n'eut qu'à effleurer ses lèvres pour trouver d'où le sang provenait. Elle avait mal partout, ses jambes refusaient de bouger, et chaque fois qu'elle essayait de crier pour appeler à l'aide, rien ne sortait à part un autre flot de sang. Terrorisée, elle essaya de ramper jusqu'au fauteuil de Damon. Lui il pourrait l'aider, ils pourrait arrêter la douleur, la remettre dans son lit, et tout ça ne serait plus qu'un mauvais souvenir, mais arrivée à ses pieds, elle n'eut plus la force de lever la main pour lui attraper ne serais-ce que la cheville."S'il vous plait, j'ai peur... Damon réveille-toi je t'en prie... n'importe qui, aidez-moi" Des suppliques se bousculaient dans sa tête sans qu'elle ne parvienne à en prononcer une seule. Lorsque sa vue se brouilla sans que les larmes y soient pour quoi que ce soit, elle fini par assimiler ce qu'elle refusait d'admettre depuis ce douloureux réveille. Elle allait mourir. Cette fatalité dont tous les médecins avaient parlés était arrivée. Tout à coup, ses pensées fusèrent à une telle vitesse que même elle n'arrivait plus à en comprendre le sens. Elle aurait voulu pouvoir hurler qu'elle ne voulait pas mourir, qu'elle ferait ce qu'on voudrait si on lui laissait encore du temps, que ce n'était pas juste, que Damon avait promis, il avait juré qu'il trouverait comment la soigner, alors... alors... pitié. Tendue devant elle alors que ses yeux n'étaient plus capable que de distinguer des formes, la main de Diala trouva enfin le tissu du pantalon de son frère. Elle n'eut le temps de se fermer sur lui qu'une seconde avant de tomber au sol. Les yeux de Diala se fermèrent au moment où ceux de Damon s'ouvrirent, réveillé par la fin brutale de son rêve.

Le cauchemar

"JE NE VEUX PAS MOURIR", c'était sur ce cri effroyable que Damon s'était réveillé. Il ne savait pas quelle personne dans son rêve l'avait prononcé, mais le désespoir et la colère qui sortait de ces mots avaient réussi à rendre ses yeux humides alors qu'il dormait encore. Encore chamboulé par ce rêve bizarre et déroutant, le jeune homme passa sa main sur son visage en soupirant. Il espérait ne pas avoir crié, Diala avait du mal à dormir, et il s'en serait voulu de l'avoir réveillée, jusqu'à ce qu'il sente son pied butter contre quelque chose.

Il cru d'abord que son rêve n'était pas terminé. Pourtant, l'odeur du sang qui s'élevait dans la pièce était bien réelle, et le corps qui gisait à ses pieds l'était tout autant. Il eut beau retourner le corps, éclairer la pièce, et fixer les traits du visage qui se trouvait devant lui, il n'arrivait pas à comprendre. C'était comme si une barrière refusait l'entrée à l'information, qui elle essayait de toute ses forces d'arriver à son cerveau.

C'était Diala.

Une décharge électrique ne devait pas faire aussi mal que ce qu'il ressentit lorsqu'il réalisa. Il l'appela, lui fit massage cardiaque, bouche à bouche, tout ce qu'il avait appris pour empêcher un cœur de s'arrêter, sans accepter le fait que ce dernier ne battait plus du tout. Ses cris réussirent à réveiller Diamond qui se précipita dans la chambre, mais aucun d'eux ne réussi à faire quoi que ce soit. Ils avaient perdu. Diala était morte.

Damon avait tant pleuré qu'il en avait les lèvres sèches. C'est Diamond qui se chargea de remettre le corps de Diala dans une position convenable, sur son lit, et qui força le garçon à reprendre ses esprits, à se calmer, en lui donnant la même tisane que celle qu'elle avait pris le soir-même. Le théâtre de la mort de Diala était à présent fermé jusqu'à ce que le jour se lève et que l'un d'eux puisse aller prévenir un médecin. Il ne servait à rien de rester près du corps, plus personne ne pouvait rien pour elle. Maintenant il fallait respecter les rites de leur continent et veiller à ce qu'elle rejoigne l'autre monde en toute sérénité.

La vérité

Il allait boire la tisane de sa mère, le cœur en miettes, lorsqu'il vit le sourire sur les lèvres de cette dernière. Le reste n'est qu'images se succédant dans sa mémoire. Diamond avait avoué. Elle avait fait tout ça pour lui, pour qu'il n'ait pas cette épine dans le pied, pour qu'ils puissent vivre convenablement, pour qu'il ait l'avenir radieux qu'on lui avait promis, parce que rien de tout ça ne serait possible si elle était là. Depuis leurs dix ans, leur mère empoisonnait lentement sa fille avec des pétales nocifs de Rette, une plante connue pour faire passer le mal de tête mais mortel si on utilisait les plus petits de ses pétales. Elle avait craché sur sa décision de l'empoisonner lentement et avait donné une dose capable de tuer dix personnes le soir-même, pour empêcher son fils de "foutre sa vie en l'air", comme elle le hurla si bien. Elle répétait qu'il ne fallait pas le dire, que Diala était morte de maladie, sinon elle aussi allait mourir, pendue pour meurtre, et il fallait qu'elle reste auprès de lui, qu'elle veille sur lui, qu'elle prenne soin de lui...

Damon, lui, n'arrivait plus à penser qu'à une chose. C'était de sa faute. Il n'avait rien vu alors que tout était là, devant son nez. Il aurait suffit qu'il regarde sa mère, qu'il prenne conscience du mal qui la rongeait, et il aurait pu tout arrêter, tout empêcher. Lorsqu'il se leva pour quitter la maison, une envie de vomir atroce lui prenant le ventre, on aurait dit un ivrogne. Il titubait, chancelait, et fini par dégobiller derrière la maison, le teint plus pâle que celui d'un vampire. S'il avait encore pu le faire, il aurait pleuré. Il hésita à retourner chez lui. S'il croisait de nouveau le regard fou de sa mère, il avait peur de ce que la douleur lui ferait faire...

Lorsqu'il entra dans la pièce à vivre de leur maison, décidé à emporter le corps de sa sœur dans un lieu sûr, loin de son assassin, il pensait que le cauchemar était fini. Sa soeur morte, sa mère assassin, lui devant livrer le corps et le coupable dès les premières heures du jour le lendemain, qu'est-ce qui aurait pu arriver de pire ?

Ce fut comme si la vie, en garce, lui répondait. Que pouvait-il arriver de pire ? Eh bien, sa précieuse sœur, dévorant leur assassin de mère.

Le pacte et la promesse

Diala Delvis, la jeune fille dont la gentillesse et la candeur faisait la réputation, avait absorbé jusqu'à l'âme même de la femme qui lui avait donné la vie. Le regard vide, les vêtements encore tachés du sang qu'elle avait craché en mourant, elle s'était relevée, et la façon dont elle venait de se nourrir ne pouvait signifier qu'une chose. C'était une voleuse d'âme. Damon avait lu assez de choses sur les morts pour le savoir, il n'y avait qu'eux pour pouvoir faire disparaître un corps en cette fine poudre bleue qui tombait sur le sol. Il ne savait pas encore comment, il ne savait pas encore pourquoi -bon sang n'y avait-il pas que les mages qui pouvaient se relever en tant que tel ?! - mais elle était là, debout, devant lui. Relevée.

Il suffit d'un pas vers lui pour qu'une lueur d'espoir arrive à sortir de l'horreur de cette situation. Plus de regard vide, plus de respiration lente, Diala était elle-même, en dénie le plus total. La fin était un souvenir qu'elle reniait de toute ses forces, au point qu'il était impossible pour qui que ce soit de lui faire accepter sa propre mort. Damon ne réussi pas une seule fois à le lui faire comprendre malgré ses innombrables tentatives. Il n'eut pas la force de lui dire, lorsqu'elle demanda où était leur mère, ce qu'elle lui avait fait. Il était le seul à savoir. Pour les voisins, Diamond Delvis avait fuit à la majorité de ses enfants, et ces deux derniers vivaient ensemble à présent. En tant que liche, Diala n'avait pas besoin de se forcer à changer la température de son corps ou à se cacher, elle pouvait sortir sans se faire repérer : personne ne pouvait deviner ce qu'elle était réellement. Pour les autres comme pour elle-même, elle était guérie et plus en forme que jamais. Malheureusement, elle avait besoin de se nourrir, et les black-out où elle chassait devinrent un problème lorsque les disparitions furent trop nombreuses. On commençait à avoir peur dans les rues, et le mot "goule" fut prononcé plusieurs fois.

Afin d'empêcher sa soeur de se nourrir, Damon eu recours à une magie à laquelle sa soif de connaissance lui avait donné accès. Un mort pouvait être lié à un vivant et se nourrir de son mana sans avoir à prendre celui des autres. C'est ce qu'il fit avec sa soeur. Pour la convaincre, il lui dit que ce rituel était un sort pour leur permettre de rester ensemble pour toujours - ce qui était un peu vrai, au fond - et en bonne naïve, elle accepta sans protestations. Pour que le pacte fonctionne, il fallait une promesse, quelque chose que Diala devait faire sans quoi le pacte serait rompu. Ne sachant pas combien de temps son projet de la ramener définitivement à la vie allait prendre, Damon décida d'assurer leurs arrières. Quoi qu'il arrive, elle ne devrait jamais dire à qui que ce soit quel lien de parenté les liait tous les deux. S'il vieillissait et pas elle, ils ne pourraient plus très longtemps être des jumeaux aux yeux des autres, raison pour laquelle elle devait toujours acquiescer lorsque Damon la présenterait, même s'il mentait. S'ils disait qu'ils étaient jumeaux, elle devait dire oui. S'il disait qu'elle était sa petite soeur, elle devait dire oui. Et si dans le pire des cas, il devait dire qu'elle était sa fille, elle devait dire oui.

Diala étant une très faible liche dont on ignorait même le pouvoir, elle ne demandait pas plus de mana que Damon pouvait lui en fournir. Il se nourrissait de plantes, achetait de quoi se maintenir à niveau, afin de toujours avoir de quoi maintenir le corps de sa soeur en bon état sans qu'elle n'ait à se nourrir toute seule, tant et si bien qu'aujourd'hui, trois ans plus tard, leur petite combine tiens toujours.

------------------------------------

Maintenant je peux mourir en paix